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IRAN : LE CREPUSCULE DE LA THEOCRATIE ?

Tous les quatre ans, les Iraniens ont une chance de s'exprimer en votant. Pour l'élection présidentielle précédente de juin 2005, ils ne s'étaient pas rendus nombreux aux urnes, tant la déception née de la période Khatami (1997-2005) était forte. Ce président réformateur avait, en effet, abandonné sa base deux ans après son arrivée au pouvoir, lors des manifestations étudiantes de 1999. Mais, au printemps 2009, la situation était différente. Mahmoud Ahmadinejad avait montré pendant son premier mandat que le titulaire du poste pouvait marquer le pays. Quatre années supplémentaires avec ce président ont paru insupportables à des millions d'Iraniens pour des raisons politiques, économiques ou, tout simplement, de fierté nationale. Une alternance ne paraissait pas impossible au début du mois de juin, compte tenu de la ferveur des débats de la dernière phase de la campagne électorale et de l'ampleur des manifestations en faveur du principal candidat de l'opposition. Des centaines de journalistes étrangers avaient été conviés pour témoigner du caractère démocratique de la consultation (1). De fait, c'est ce qu'ils ont constaté jusqu'au 12 juin, mais tout a basculé dans la nuit du 12 au 13 juin. Les résultats n'étant pas ceux qu'attendait le régime, les fonctionnaires du ministère de l'Intérieur se sont vu interdire l'accès à leurs bureaux et le siège du candidat Mir Hussein Moussavi a été fermé ; des armées de bicyclettes et de motos des forces de l'ordre se sont mises à sillonner les rues ; la répression des manifestants a commencé ; et les journalistes invités par le régime ont été soudainement qualifiés d'« agents du mal » par le Guide Suprême Ali Khamenei.
Le plan B - un coup d'État militaire qui n'a pas dit son nom - a été mis en oeuvre avec célérité (2), et les semaines puis les mois suivants ont confirmé cette brutale métamorphose : arrestations, actions d'intimidation, interdiction des rassemblements, procès à la soviétique avec de longues séries d'« aveux » et contrôle accru de toutes les institutions.
Pourtant, même si le régime reste en place et si le président est reconduit depuis le début du mois d'août, l'Iran du 13 juin est un autre pays que celui des trente dernières années. La République islamique ne sera plus jamais la même : son fondement religieux a volé en éclats.
Le Guide Suprême n'est plus légitime
La première conséquence de l'élection présidentielle du 12 juin 2009 est le crépuscule de la théocratie en Iran, du moins telle qu'on l'entendait jusqu'alors. Le mythe du Guide Suprême au-dessus de la mêlée, doté d'un pouvoir exorbitant dans les domaines de l'exécutif, du législatif et du judiciaire en raison de son inspiration religieuse est mort. L'idée qu'Ali Khamenei était une force modératrice également. Le Guide a soutenu ouvertement la candidature du président élu en 2005 dans des conditions déjà douteuses (3) ; il a indiqué peu avant le 12 juin que le président de l'Iran devait être un « homme du peuple », pesant ainsi sur le choix des électeurs ; il a …