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LA FRANCE ET LE NUCLEAIRE

L'urgence environnementale nous oblige à regarder la réalité en face : sans un effort massif de dé-carbonisation de l'économie, c'est-à-dire de nos technologies et de nos modes de vie, nous ne pourrons pas arrêter, encore moins inverser, le processus de réchauffement climatique. Aujourd'hui, nul ne peut sérieusement contester le rôle de l'activité humaine dans ce phénomène, dont les conséquences en termes environnementaux, économiques et surtout humains et sociaux seraient dramatiques si nous continuions sur la présente lancée.La réponse à ce défi immense est complexe et multiforme ; elle ne peut résulter que d'une combinatoire subtile de décisions fortes, et non d'une approche univoque et simplificatrice.
Dans les pays riches d'Occident, l'accent est mis, non sans raison, sur la recherche de l'efficacité et de la gestion responsable des ressources. Les progrès en la matière, portés par les politiques publiques d'incitation, de régulation et de réintégration des coûts environnementaux dans les processus de production et d'usage de l'énergie, contribueront évidemment à réduire la part des ressources fossiles. Pour autant, il faudra bien répondre aux besoins des économies industrielles modernes et aux aspirations légitimes des pays en développement - notamment en termes de santé, de mobilité et de confort domestique. La recherche d'un mode de production d'énergie sûr, économique et durable restera longtemps au coeur des enjeux mondiaux.
C'est maintenant qu'il faut agir pour installer un nouveau bouquet de production d'énergie, faible en carbone et économiquement compétitif. Soyons lucides : il n'y aura tout simplement pas d'avenir énergétique propre et durable pour la planète, au-delà de la contribution des énergies renouvelables, sans le nucléaire. La question n'est plus « pourquoi le nucléaire ? », mais « comment ? ».
Le nucléaire, seule réponse à l'urgence environnementale
Le nucléaire civil s'est développé dans la seconde moitié du XXe siècle en réponse à un besoin d'énergie de masse compétitive, en particulier dans des pays pauvres en ressources fossiles. En France, c'est après le premier choc pétrolier que l'État a donné une forte impulsion au développement du nucléaire, avec un rythme de construction de plusieurs tranches par an : en 2000 le pays était doté de 58 réacteurs et près de 80 % de l'électricité était produite par voie nucléaire. L'apport de l'hydraulique, de l'ordre de 10 %, permet à notre pays de produire aujourd'hui plus de 90 % de son électricité sans émission de gaz à effet de serre.
C'est environ un sixième (16 %) de l'électricité qui est produite par voie nucléaire à l'échelle mondiale, 30 % dans l'OCDE et dans l'Union européenne, avec de fortes disparités entre États, en particulier au sein de l'UE. Ce premier âge du nucléaire a été l'apanage, à quelques exceptions près comme l'Inde, des pays disposant d'un haut niveau de vie et d'un haut niveau technologique. Il a aussi été dominé par les problématiques de la guerre froide, laquelle a suscité une forme de cogestion - certes partielle - des affaires nucléaires par les États-Unis et l'Union soviétique, condamnés à trouver les moyens de maîtriser leur compétition stratégique. …