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L'ARCTIQUE SANS LA BANQUISE ?

Le climat arctique change : entre 1992 et 2006, la surface des glaces de mer à la fin de l'été a diminué de 21 %, soit un recul de 1,3 million de km2. Quant à la durée saisonnière de la période libre de glace, elle augmente dans de nombreuses zones. Ces données, dont la fiabilité ne saurait être mise en doute, résultent d'observations des satellites météorologiques.Cette évolution climatique ouvre des perspectives dans trois domaines : la navigation dans les passages du Nord-Ouest et du Nord-Est ; l'exploitation des ressources de l'Arctique (halieutiques, minérales, pétrolières et gazières) ; et le développement des territoires situés au nord du cercle polaire. Il pourrait en résulter un bouleversement des modes de vie des populations autochtones et des écosystèmes, connus pour être très sensibles aux conditions locales.
Ces nouveaux enjeux de souveraineté et d'accès aux ressources viennent compliquer les débats déjà difficiles sur l'extension des Zones économiques exclusives (ZEE) prévues par la Convention sur le droit de la mer (Convention de Montego Bay).
L'évolution des glaces de mer en Arctique
La surface des glaces de mer est observée depuis 1978. Les satellites météorologiques comportent notamment des radiomètres qui mesurent l'émission naturelle de rayonnement de la planète afin de déterminer l'humidité de l'atmosphère. L'émissivité de la glace dans les longueurs d'onde centimétriques (ce que l'on appelle les micro-ondes) étant approximativement deux fois plus élevée que celle de l'eau, ces images mettent nettement en évidence la frontière des glaces de mer. Depuis des années, des instruments de ce type sont embarqués sur les satellites militaires américains d'observation de la Terre, qui fournissent ainsi aux opérateurs de la marine de précieuses informations.
La surface des glaces en Arctique atteint son minimum mi-septembre, au moment où les flux de chaleur entre l'océan, l'atmosphère et l'espace interplanétaire s'inversent pour passer d'un réchauffement de la surface à un refroidissement. Cette surface minimale annuelle a rétréci en moyenne de 8,4 % par décennie depuis trente ans, 2007 et 2008 étant des années records. Mais, compte tenu des fluctuations climatiques, il est probablement prématuré de parler d'accélération de la fonte des glaces, comme les médias l'ont fait en 2008. En 2009, cette surface est d'ailleurs proche de ce qu'elle était en 2006, même si elle accuse un net recul par rapport à la moyenne de la période 1979-2001.
Les scientifiques se sont également intéressés à la surface des « vieilles » glaces - les glaces de mer qui subsistent d'une année sur l'autre. Les glaces saisonnières, dites « jeunes », ont tendance à constituer des épaisseurs moindres et à fondre plus rapidement au printemps. On distingue très bien ces différents types de glace par leur émissivité. En 1987, 57 % des glaces atteignaient un âge de 5 ans ou plus et 25 % avaient près de 9 ans. En 2007, seuls 7 % des glaces dataient de plus de 5 ans et celles de plus de 9 ans avaient pratiquement disparu. On retrouve ces vieilles glaces au nord du Canada, les régions les …