Le destin de Magdi Cristiano Allam est exceptionnel. Cet intellectuel italien d'origine égyptienne, ancien numéro deux du prestigieux Corriere della Sera, a fait grand bruit en 2008 quand il abandonna l'islam pour se convertir au catholicisme. Une conversion d'autant plus médiatique que c'est le pape Benoît XVI en personne qui le baptisa. L'année suivante, Allam était élu au Parlement européen sur la liste de l'Union du centre (UDC). Adversaire résolu de l'islamisme radical, persuadé que l'Occident doit absolument défendre ses valeurs fondamentales avec plus d'énergie, il a été condamné à mort par plusieurs organisations extrémistes, ce qui lui vaut le privilège douteux d'être le député le plus protégé du Parlement européen. Mais les menaces dont il fait l'objet ne l'empêchent ni de défendre haut et fort, à Bruxelles et à Strasbourg, le « droit d'Israël à l'existence », ni de poursuivre sa lutte contre l'obscurantisme islamiste dans ses écrits. M. Allam a récemment publié en France un ouvrage au titre éloquent : Pour que vive Israël.A. d. V.
Alexandre del Valle - Vous appartenez au « club » des personnalités les plus menacées par les islamistes, au même titre que Taslima Nasreen ou Salman Rushdie. En quoi votre combat se distingue-t-il du leur ?
Magdi Cristiano Allam - Mon combat est celui du salut de la civilisation européenne sur la base de la reconnaissance des racines judéo-chrétiennes de l'Occident. Les combats de Rushdie ou de Nasreen, eux, se situent sur un plan différent. Je n'ai rien contre eux, mais j'ai fait un choix de vie particulier et je me place aux côtés de ceux qui ont fait le même choix. J'ai vécu 56 ans en musulman modéré, libéral, laïque, défendant un islam respectueux des droits de l'homme. Mais mes prises de position m'ont valu d'être condamné à mort. À présent, je me considère comme pleinement chrétien et j'en suis fier. Depuis mon baptême par Benoît XVI, je ne veux plus être appelé « ex-musulman ».
A. d. V. - Qu'est-ce qui a provoqué la première fatwa édictée contre vous ?
M. C. A. - Ma première condamnation à mort fut décrétée par le Hamas, en réaction aux critiques que j'avais émises à l'égard des attentats suicides palestiniens qui tuaient des civils israéliens. C'était en 2003. Je me trouvais alors en reportage entre le Koweït et l'Irak du Sud, où je suivais la phase initiale de l'intervention américaine contre le régime de Saddam Hussein. Je reçus une communication du chef des services secrets italiens me conseillant de retourner en Italie car ma vie était en danger. Un avion m'emmena le lendemain.
A. d. V. - Quelles sont les autres organisations qui vous ont officiellement condamné à mort ?
M. C. A. - D'autres menaces de mort, plus subtiles, m'ont visé en Europe. Des membres de l'UCOII (1) appartenant également aux Frères musulmans ont déclaré que j'étais « hypocrite » et m'ont qualifié de « musulman déguisé » ou encore de « copte se faisant passer pour musulman ». Youssef Al Qardaoui (2) - l'un des leaders mondiaux des Frères musulmans, un homme qui encourage les attentats kamikazes en Irak et qui prêche sa vision salafiste sur la chaîne Al-Jazira - a dit : « Magdi Allam est un faux musulman » qui « sème la zizanie en islam » (ce qui équivaut à une condamnation à mort car l'apostasie, en islam, est punie de mort). J'ai d'ailleurs écrit en 2005 une « Lettre ouverte à Tarik Ramadan » car ce dernier avait propagé la rumeur selon laquelle j'aurais été, dès la naissance, un chrétien copte et un « faux musulman ». Il a été forcé de s'excuser dans une revue musulmane paraissant en Grande-Bretagne.
A. d. V. - Avez-vous déjà été attaqué physiquement en Europe ? Faites-vous confiance à l'État italien pour vous protéger ?
M. C. A. - Je bénéficie d'une protection permanente (sept à neuf gardes du corps). Depuis que je suis eurodéputé, je dispose également d'une protection française à Strasbourg (5 hommes) et belge à Bruxelles. …
Magdi Cristiano Allam - Mon combat est celui du salut de la civilisation européenne sur la base de la reconnaissance des racines judéo-chrétiennes de l'Occident. Les combats de Rushdie ou de Nasreen, eux, se situent sur un plan différent. Je n'ai rien contre eux, mais j'ai fait un choix de vie particulier et je me place aux côtés de ceux qui ont fait le même choix. J'ai vécu 56 ans en musulman modéré, libéral, laïque, défendant un islam respectueux des droits de l'homme. Mais mes prises de position m'ont valu d'être condamné à mort. À présent, je me considère comme pleinement chrétien et j'en suis fier. Depuis mon baptême par Benoît XVI, je ne veux plus être appelé « ex-musulman ».
A. d. V. - Qu'est-ce qui a provoqué la première fatwa édictée contre vous ?
M. C. A. - Ma première condamnation à mort fut décrétée par le Hamas, en réaction aux critiques que j'avais émises à l'égard des attentats suicides palestiniens qui tuaient des civils israéliens. C'était en 2003. Je me trouvais alors en reportage entre le Koweït et l'Irak du Sud, où je suivais la phase initiale de l'intervention américaine contre le régime de Saddam Hussein. Je reçus une communication du chef des services secrets italiens me conseillant de retourner en Italie car ma vie était en danger. Un avion m'emmena le lendemain.
A. d. V. - Quelles sont les autres organisations qui vous ont officiellement condamné à mort ?
M. C. A. - D'autres menaces de mort, plus subtiles, m'ont visé en Europe. Des membres de l'UCOII (1) appartenant également aux Frères musulmans ont déclaré que j'étais « hypocrite » et m'ont qualifié de « musulman déguisé » ou encore de « copte se faisant passer pour musulman ». Youssef Al Qardaoui (2) - l'un des leaders mondiaux des Frères musulmans, un homme qui encourage les attentats kamikazes en Irak et qui prêche sa vision salafiste sur la chaîne Al-Jazira - a dit : « Magdi Allam est un faux musulman » qui « sème la zizanie en islam » (ce qui équivaut à une condamnation à mort car l'apostasie, en islam, est punie de mort). J'ai d'ailleurs écrit en 2005 une « Lettre ouverte à Tarik Ramadan » car ce dernier avait propagé la rumeur selon laquelle j'aurais été, dès la naissance, un chrétien copte et un « faux musulman ». Il a été forcé de s'excuser dans une revue musulmane paraissant en Grande-Bretagne.
A. d. V. - Avez-vous déjà été attaqué physiquement en Europe ? Faites-vous confiance à l'État italien pour vous protéger ?
M. C. A. - Je bénéficie d'une protection permanente (sept à neuf gardes du corps). Depuis que je suis eurodéputé, je dispose également d'une protection française à Strasbourg (5 hommes) et belge à Bruxelles. …
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