Cinq ans après la « révolution orange » et alors que les Ukrainiens doivent se rendre aux urnes le 17 janvier prochain pour élire leur nouveau président, c'est un sentiment de désillusion qui prédomine à Kiev et dans les chancelleries occidentales. L'esprit et les promesses de Maïdan - la place de l'Indépendance où des dizaines de milliers de manifestants s'étaient rassemblés en novembre 2004 pour dénoncer la fraude électorale et faire plier le régime de Leonid Koutchma (1) - semblent bien loin. Les deux héros « orange », le président Viktor Iouchtchenko et son premier ministre Ioulia Timochenko, sont engagés depuis de longs mois dans un affrontement d'une violence inouïe. Dissolutions du Parlement, motions de censure, veto présidentiels, bagarres entre députés, blocages de la Rada, révélations douteuses et coups fourrés multiformes émaillent une vie politique de plus en plus déconnectée des réalités du pays.Or l'Ukraine a rarement connu défis aussi périlleux au cours de ses 18 années d'indépendance. Elle est, en effet, le pays d'Europe le plus touché par la crise économique. La chute du PIB devrait y atteindre 15 % en 2009, tandis que la monnaie nationale, la hryvnia, aura perdu 80 % de sa valeur depuis l'été 2008. La société demeure profondément divisée sur l'essentiel - l'histoire du pays, la langue, la religion, la relation à la Russie, en d'autres termes tout ce qui constitue l'identité nationale -, même si les clivages ne se résument pas à la fracture Est-Ouest souvent évoquée dans les médias russes ou occidentaux.
La situation est tout aussi inquiétante sur le plan diplomatique. Le choix euro-atlantique revendiqué par le président Iouchtchenko s'est révélé illusoire. Le sommet de l'Otan qui s'est tenu à Bucarest en avril 2008 a sonné le glas des perspectives otaniennes du pays. Quant à la volonté d'intégration au sein de l'Union européenne, elle s'est heurtée à une « fatigue de l'élargissement » de plus en plus largement partagée sur le continent, que le spectacle pathétique offert ces dernières années par les responsables ukrainiens n'a pas contribué à dissiper. Pour ce qui est des relations avec la Russie, elles ont atteint leur point le plus bas depuis 1991. La « guerre du gaz » de janvier 2009, la récente missive du président Dmitri Medvedev à Viktor Iouchtchenko (2) et le refus de Moscou d'envoyer un ambassadeur à Kiev tant que l'actuel président ukrainien sera en place ne constituent que les derniers épisodes en date d'une guerre de tranchées diplomatique incessante depuis 2004.
Dans ce contexte, le scrutin présidentiel du 17 janvier revêt une importance cruciale. Permettra-t-il de donner à l'Ukraine un nouveau départ ? Le fait que les deux favoris soient Ioulia Timochenko et Viktor Ianoukovitch, le challenger malheureux de Viktor Iouchtchenko fin 2004, ne plaide a priori pas en faveur d'une rupture avec la culture et les pratiques politiques ayant conduit le pays au bord du gouffre. Et pourtant, les motifs d'espoir existent. Non seulement parce que, comme le proclame l'hymne national, « l'Ukraine n'est pas encore morte », mais …
La situation est tout aussi inquiétante sur le plan diplomatique. Le choix euro-atlantique revendiqué par le président Iouchtchenko s'est révélé illusoire. Le sommet de l'Otan qui s'est tenu à Bucarest en avril 2008 a sonné le glas des perspectives otaniennes du pays. Quant à la volonté d'intégration au sein de l'Union européenne, elle s'est heurtée à une « fatigue de l'élargissement » de plus en plus largement partagée sur le continent, que le spectacle pathétique offert ces dernières années par les responsables ukrainiens n'a pas contribué à dissiper. Pour ce qui est des relations avec la Russie, elles ont atteint leur point le plus bas depuis 1991. La « guerre du gaz » de janvier 2009, la récente missive du président Dmitri Medvedev à Viktor Iouchtchenko (2) et le refus de Moscou d'envoyer un ambassadeur à Kiev tant que l'actuel président ukrainien sera en place ne constituent que les derniers épisodes en date d'une guerre de tranchées diplomatique incessante depuis 2004.
Dans ce contexte, le scrutin présidentiel du 17 janvier revêt une importance cruciale. Permettra-t-il de donner à l'Ukraine un nouveau départ ? Le fait que les deux favoris soient Ioulia Timochenko et Viktor Ianoukovitch, le challenger malheureux de Viktor Iouchtchenko fin 2004, ne plaide a priori pas en faveur d'une rupture avec la culture et les pratiques politiques ayant conduit le pays au bord du gouffre. Et pourtant, les motifs d'espoir existent. Non seulement parce que, comme le proclame l'hymne national, « l'Ukraine n'est pas encore morte », mais …
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