Les Grands de ce monde s'expriment dans

UN PEU DE PEDAGOGIE SUR L'EURO

La crise grecque va-t-elle avoir raison de l'euro, s'interrogent les pourfendeurs de la monnaie unique - souvent ceux-là mêmes qui n'avaient pas ménagé leurs efforts pour en entraver l'avènement ?Est-il besoin de leur rappeler que l'objectif premier de l'euro n'a jamais été d'assurer, à lui seul, une croissance forte et durable en Europe ? Celle-ci repose, essentiellement, sur la conduite des politiques budgétaires et structurelles qui restent de la responsabilité des États membres. Plus encore : les taux d'intérêt à long terme qui se constatent sur les marchés - ils ne sont pas décidés par la Banque centrale européenne qui, elle, fixe les taux à court terme pour contrôler l'inflation - ont toujours été considérés comme un thermomètre de la crédibilité financière des États. Leur augmentation doit donc être interprétée comme une sanction à l'égard d'une politique économique défectueuse.
Pourquoi l'euro ?
Alors, pourquoi l'euro a-t-il été lancé ? D'une part, pour parachever le marché intérieur. Le traité de Rome (1960) a supprimé les barrières tarifaires ; l'Acte unique (1985) les barrières administratives ; le traité de Maastricht (1992) et l'euro (1er janvier 1999) les barrières monétaires. D'autre part, pour mettre à l'abri le marché européen des retombées des crises monétaires et financières mondiales. Entre 1992 et 1995, la lire s'était dépréciée de 40 % par rapport au deutsche mark et au franc français. Les voitures allemandes et le bétail français avaient du mal à s'exporter en Italie. Mais le textile italien se vendait fort bien en France et en Allemagne. Au printemps 1995, une crise du peso mexicain, par effet de contagion propagée par le dollar, a frappé les monnaies les plus faibles d'Europe (lire italienne, peseta espagnole). Au plus haut niveau politique, certains responsables réclamèrent alors l'instauration de taxes aux échanges afin d'atténuer les conséquences de ce qu'ils dénonçaient comme des « dévaluations compétitives ». Une telle décision aurait sonné le glas du marché commun et annoncé la fin de la construction européenne !
Le rôle protecteur de l'euro ne s'arrête pas là : près des deux tiers du commerce européen s'effectuent entre États membres ; les achats comme les ventes sont libellés en euros et sont donc indépendants des fluctuations du dollar. D'ailleurs, en dix ans, la monnaie unique a permis d'accroître les échanges des pays de la zone euro de 5 à 15 %, selon les statistiques officielles et les investissements directs étrangers de 14 à 36 %.
La crise financière a mis en lumière un autre bénéfice de l'euro. Grâce à la BCE, il a été possible d'injecter très rapidement des liquidités considérables qui ont permis d'éviter l'écroulement du système bancaire. Jamais les banques centrales nationales n'auraient pu agir aussi massivement en un laps de temps aussi court. Et ce n'est pas une coïncidence si, à l'époque, des pays européens (la Hongrie, la République tchèque, la Pologne, les pays scandinaves, l'Islande) qui ont beaucoup plus souffert que les pays de la zone euro ont manifesté leur souhait d'adopter la monnaie unique.
Autre objectif, autre avantage …