On l'oublie trop souvent, mais les dirigeants chinois, eux, s'en félicitent : Deng Xiaoping n'a pas seulement modifié radicalement les objectifs de la politique chinoise ; il en a également changé les instruments, mettant ainsi fin à l'imprévisibilité et à l'instabilité qui gouvernaient la dévolution des pouvoirs durant la « première Chine populaire » - celle de Mao Zedong. Il y est parvenu en installant au sommet Jiang Zemin, l'ancien patron de Shanghai, à partir de juillet 1989 puis, en 1992, en ouvrant l'économie chinoise à la mondialisation et en mettant en avant Hu Jintao comme successeur désigné de Jiang Zemin. Il eut le courage et la chance de survivre assez longtemps - jusqu'à l'âge de quatre-vingt-treize ans, quel argument en faveur de l' « histoire des grands hommes » ! - pour s'assurer que le quinzième congrès du PCC, celui de 1997, confirmerait cette décision. Jiang Zemin eut beau traîner des pieds et retarder quelque peu son départ prévu en 2002, Hu Jintao s'installa à sa place en conservant jusqu'à nos jours le même premier ministre à ses côtés : Wen Jiabao.La succession Cette transition organisée a, dans l'ensemble, donné satisfaction aux quelques milliers de cadres supérieurs et de dirigeants économiques qui constituent l'élite de la Chine actuelle. Elle leur paraissait combiner la stabilité et le renouvellement des responsables d'une façon qui permettaità la bureaucratie communiste de prévoir et de résoudre progressivement ses rivalités internes. Les années passées au pouvoir par le duo Hu Jintao-Wen Jiabao ont été celles des succès internationaux et des triomphes économiques : organisation des Jeux olympiques de Pékin (2008) puis de l'Exposition universelle de Shanghai (2010) ; accession spectaculaire de l'économie chinoise au deuxième rang mondial. Du coup, ce système décennal a fini par passer pour une garantie d'efficacité politique. C'est pourquoi, depuis quelques années, il n'est question parmi les dirigeants que de la relève qui devra s'opérer à l'automne 2012. Les rumeurs vont bon train, et les véritables informations ne percent que lentement le brouillard imposé par les « départements concernés ». Avant le dernier Congrès de 2007, deux personnalités émergeaient, auxquelles paraissaient promis les postes de secrétaire général du Parti et de premier ministre : Li Keqiang et Xi Jinping. Mais, à l'occasion de ce seizième Congrès, la hiérarchie entre les deux candidats s'est brutalement inversée : Xi Jinping a doublé Li Keqiang. Apparemment mécontent, Hu Jintao parvint, à l'automne 2009, à retarder la promotion du premier à la vice-présidence de la Commission des affaires militaires du Comité central - poste qui devait confirmer sa position de dauphin - avant de devoir s'incliner un an plus tard (1). Ce changement est important à un double titre. Tout d'abord - faut-il insister sur ce point ? -, une constante absolue de l'histoire institutionnelle communiste veut que le Parti l'emporte sur le gouvernement, et son chef sur le premier ministre, quel que soit le talent de ce dernier. Durant la décennie qui s'achèvera en 2012, Hu Jintao n'a jamais cessé d'exercer un rôle politique …
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