HONGRIE : UN PASSE QUI NE PASSE PAS...

n° 131 - Printemps 2011

Marton Gyöngyösi, né en 1977, a été élu en avril 2010 député au Parlement hongrois sur la liste du Jobbik Magyarországért Mozgalom (Parti pour une meilleure Hongrie), qui peut également se traduire par « le parti le plus à droite ». Il représente cette formation d'extrême droite à la commission des affaires étrangères de la Chambre, dont il est le vice-président. Rejeton d'une famille de diplomates en fonctions au ministère du Commerce extérieur au temps du communisme, il est l'un des rares dirigeants de ce parti à avoir reçu une éducation internationale secondaire et universitaire. Il est diplômé d'économie et de sciences politiques des universités de Dublin et de Nuremberg. Avant de se consacrer entièrement à la politique, il a travaillé comme consultant dans les filiales hongroises des firmes d'audit KPMG et Ernst & Young. C'est le seul dirigeant du parti qui accorde des entretiens aux médias étrangers, les autres - notamment son président Gabor Vona - estimant que les journalistes déforment systématiquement leurs propos afin de donner une mauvaise image du Jobbik à l'extérieur du pays. Ce parti se constitue en 2003 et ne bénéficie au début que d'une audience confidentielle. Absent du scrutin européen de 2004 en raison de son opposition de principe à l'adhésion de la Hongrie à l'UE, il n'obtient que 2,2 % des suffrages aux élections législatives de 2008. La première percée significative se produit en janvier 2008, lors d'une élection municipale partielle à Budapest, où son candidat attire sur son nom 8,5 % des votants. Ce succès se confirme lors des élections européennes de juin 2009, où le Jobbik, avec 14,77 % des voix, rafle 3 des 22 sièges de la Hongrie au Parlement de Strasbourg. Aux législatives d'avril 2010, il progresse encore, avec 16,67 % des suffrages et 47 des 386 sièges de l'Assemblée nationale. Mais cet excellent score ne suffit pas à lui ouvrir les portes du gouvernement, car, de son côté, la coalition de droite emmenée par le Fidesz de Viktor Orban l'emporte avec une majorité de plus des deux tiers qui lui permet de gouverner seul. Le Jobbik, cependant, fait fonction d'aiguillon et pousse les partis de gouvernement vers un nationalisme toujours plus ombrageux. À la différence d'autres formations européennes de la droite extrême, comme le FN français ou le Parti de la liberté de Geert Wilders aux Pays-Bas, le Jobbik ne fait pas de l'immigration une thématique centrale de sa propagande. En revanche, ses dérapages antisémites, mal camouflés sous des positions antisionistes radicales, le placent dans la filiation des mouvements fascistes hongrois actifs avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, comme le mouvement des Croix fléchées. Son hostilité envers les quelque 600 000 Tziganes vivant en Hongrie est également un trait marquant de ce parti. L. R. Entretien avec Marton Gyöngyösi*
hongrie : un passéqui ne passe pas...
Cet entretien a été conduitpar Luc Rosenzweig**
* Porte-parole du Jobbik, vice-président de la commission des affaires étrangères du Parlement de Hongrie.
** Journaliste. Ancien correspondant du Monde en Allemagne et en Belgique. Auteur, entre autres publications, de : Ariel Sharon, Perrin, 2006 ; Parfaits Espions, Éditions du Rocher, 2007.
Marton Gyöngyösi, né en 1977, a été élu en avril 2010 député au Parlement hongrois sur la liste du Jobbik Magyarországért Mozgalom (Parti pour une meilleure Hongrie), qui peut également se traduire par « le parti le plus à droite ». Il représente cette formation d'extrême droite à la commission des affaires étrangères de la Chambre, dont il est le vice-président. Rejeton d'une famille de diplomates en fonctions au ministère du Commerce extérieur au temps du communisme, il est l'un des rares dirigeants de ce parti à avoir reçu une éducation internationale secondaire et universitaire. Il est diplômé d'économie et de sciences politiques des universités de Dublin et de Nuremberg. Avant de se consacrer entièrement à la politique, il a travaillé comme consultant dans les filiales hongroises des firmes d'audit KPMG et Ernst & Young. C'est le seul dirigeant du parti qui accorde des entretiens aux médias étrangers, les autres - notamment son président Gabor Vona - estimant que les journalistes déforment systématiquement leurs propos afin de donner une mauvaise image du Jobbik à l'extérieur du pays.
Ce parti se constitue en 2003 et ne bénéficie au début que d'une audience confidentielle. Absent du scrutin européen de 2004 en raison de son opposition de principe à l'adhésion de la Hongrie à l'UE, il n'obtient que 2,2 % des suffrages aux élections législatives de 2008. La première percée significative se produit en janvier 2008, lors d'une élection municipale partielle à Budapest, où son candidat attire sur son nom 8,5 % des votants. Ce succès se confirme lors des élections européennes de juin 2009, où le Jobbik, avec 14,77 % des voix, rafle 3 des 22 sièges de la Hongrie au Parlement de Strasbourg. Aux législatives d'avril 2010, il progresse encore, avec 16,67 % des suffrages et 47 des 386 sièges de l'Assemblée nationale. Mais cet excellent score ne suffit pas à lui ouvrir les portes du gouvernement, car, de son côté, la coalition de droite emmenée par le Fidesz de Viktor Orban l'emporte avec une majorité de plus des deux tiers qui lui permet de gouverner seul. Le Jobbik, cependant, fait fonction d'aiguillon et pousse les partis de gouvernement vers un nationalisme toujours plus ombrageux. À la différence d'autres formations européennes de la droite extrême, comme le FN français ou le Parti de la liberté de Geert Wilders aux Pays-Bas, le Jobbik ne fait pas de l'immigration une thématique centrale de sa propagande. En revanche, ses dérapages antisémites, mal camouflés sous des positions antisionistes radicales, le placent dans la filiation des mouvements fascistes hongrois actifs avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, comme le mouvement des Croix fléchées. Son hostilité …

Sommaire

DIPLOMATIE FRANCAISE : LA CONFIANCE RETROUVEE

Entretien avec Alain Juppé par Baudouin Bollaert

« PRINTEMPS ARABE » : L'HISTOIRE N'A PAS DIT SON DERNIER MOT...

Entretien avec Jacques Julliard par la Rédaction de Politique Internationale

LA FOLLE HISTOIRE DE MOUAMMAR KADHAFI

Entretien avec François Heisbourg par Thomas Hofnung

SYRIE : LE DEBUT DU CREPUSCULE

Entretien avec Burhan Ghalioun par Loulouwa Al Rachid et Mohammad ali Atassi

L'EGYPTE ENTRE COUP D'ETAT ET REVOLUTION

par Sophie Pommier

TUNISIE : UNE TRANSITION TUMULTUEUSE

par Sophie Bessis

UN « MODELE TURC » POUR LES REVOLTES ARABES ?

par Dorothée Schmid

LA CAMPAGNE ANTI-FRANCAISE D'AL-QAIDA AU SAHARA

par Jean-Pierre Filiu

LE REFERENDUM SUD-SOUDANAIS ET SON IMPACT REGIONAL

par Gérard Prunier

JAPON : L'APRES-TSUNAMI

Entretien avec Claude Meyer par Grégory Rayko et Mathieu Bouquet

LE BRESIL ET LE MONDE

Entretien avec Marco Aurélio Garcia par Stéphane Monclaire

CHINE : LA SUCCESSION ET LE SUCCESSEUR

par Jean-Luc Domenach

DE LULA A DILMA...

par Stéphane Monclaire

RUSSIE : L'HEURE DE GLOIRE DU FSB

Entretien avec Andreï Soldatov par Galia Ackerman

LONDRES-PARIS : LA NOUVELLE ENTENTE CORDIALE

Entretien avec Liam Fox par Isabelle Lasserre

HONGRIE : UN PASSE QUI NE PASSE PAS...

Entretien avec Marton Gyongyosi par Luc Rosenzweig

BUDAPEST-UNION EUROPEENNE : LE TEMPS DES MALENTENDUS

Entretien avec Janos Martonyi par Luc Rosenzweig

« SECURITY BUSINESS » : LES NOUVEAUX MERCENAIRES

par Laurent Joachim