Joseph Kabila - Il est toujours difficile de parler d'un bilan... J'ai cependant coutume de dire : « Si vous ne croyez pas en mes paroles, croyez au moins en mes actes ! » Permettez-moi de faire un bref rappel historique. Quand je suis devenu président, en 2001, la RDC était un pays en guerre, géographiquement divisé. L'assassinat de Mzee (1) fut indéniablement un coup dur pour toute notre famille ; mais ce fut surtout un coup dur pour le pays tout entier, qui représentait la véritable famille de cet homme dont le moins qu'on puisse dire est qu'il avait consacré sa vie à lutter pour libérer son pays. De 2001 à 2003, nous avons connu les négociations de paix. Ensuite, de 2003 à 2006, le pays est passé par une phase de transition qui a précédé les élections générales de l'automne 2006. En 2007, nous avons enfin pu planifier la reconstruction du pays et négocier sur ce dossier avec nos partenaires, anciens et nouveaux, principalement la Chine. La reconstruction proprement dite n'a commencé qu'à partir de 2008. Ce qui ne fait, finalement, que trois années... Les huit années précédentes avaient été consacrées aux négociations politiques et à l'effort de guerre mené dans les provinces de l'Est (2). À mon sens, l'un des points positifs de la reconstruction, c'est qu'elle n'a pas commencé uniquement par Kinshasa. Ceux qui arrivent dans notre capitale oublient souvent que Kinshasa, siège des institutions, ce n'est pas tout le pays. Or les travaux de reconstruction des infrastructures ont commencé partout, sur toute l'étendue du territoire national. N'oubliez pas que la RDC, ce sont 2 345 000 km2 ! Nous avons déjà réalisé près de dix mille kilomètres de routes en terre et quelques centaines de kilomètres de routes asphaltées, mais ce n'est rien par rapport à tout ce qui reste à faire...
C. B. - Vous n'avez pas attendu le début de la campagne électorale pour énormément voyager à travers le pays. On vous voit partout, un casque sur la tête ; vous semblez aimer inaugurer des chantiers...
J. K. - Mais c'est cela, mon travail ! Un chef d'État qui ne prendrait pas le temps de circuler ne pourrait pas se faire une idée précise des véritables défis à relever. J'ai déjà fait le tour du pays à deux reprises : je commence à le connaître jusque dans ses coins les plus reculés ! Je suis frappé par l'indigence qui demeure le lot de la majorité de la population. J'ai découvert des situations que je ne soupçonnais même pas : la misère, l'enclavement de certains territoires. Mais j'ai aussi découvert l'espoir qui anime notre peuple, la confiance que les …