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LE RAIL FACE AUX DEFIS ENVIRONNEMENTAUX

Le 28 mars 2011, la Commission européenne rendait public le tant attendu Livre blanc sur les transports (1). Ce Livre blanc, qui trace les grandes lignes de la politique européenne des transports pour les dix prochaines années, s'inscrit dans une série de documents d'orientation et de feuilles de route regroupés sous l'intitulé « Une Europe compétitive et respectueuse du climat », et destinés à accélérer la marche vers une Europe plus durable à l'horizon 2020. Dans cette perspective, le rôle des transports est pour la première fois détaillé en termes qualitatifs. L'objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports de 60 % d'ici à 2050, de supprimer les véhicules à carburants traditionnels dans les villes et de réévaluer la place du rail dans les déplacements sur moyenne distance. À l'aune de ces ambitions, le débat sur le rail revêt une dimension nouvelle. Il y a deux ans, nous écrivions : « Pour la plupart des gens, le mardi 4 septembre 2007 fut probablement semblable à tous les autres mardis. Mais, ce jour-là, l'Eurostar a battu un nouveau record de vitesse entre Paris et Londres, bouclant le trajet en 2 heures, 3 minutes et 39 secondes (2). Le même jour, l'aéroport d'Heathrow demandait aux passagers à destination de Paris de se présenter à l'embarquement 2 heures avant le décollage (3). Ainsi, l'un des voyages était presque terminé avant que l'autre n'ait commencé. Dans ces conditions, on se demande pourquoi le transport ferroviaire perd des parts de marché tandis que le transport aérien en gagne. » C'est que le temps de parcours n'est pas la seule variable qui intervient dans le choix d'un mode de transport. Ce jour-là, des trains sont certainement arrivés en retard, tout comme un certain nombre d'avions, des voitures ont été bloquées dans des embouteillages, des autocars n'ont pas respecté leur planning. Selon une récente enquête Eurobaromètre (4), les principaux freins au développement de l'usage des transports en commun résident dans les horaires et la connectivité. Aux yeux des gens, la flexibilité semble être le critère déterminant dans le choix d'un mode de transport. En termes de flexibilité, il est clair que jamais l'autocar ou le train ne seront en mesure de rivaliser avec la voiture. Une voiture avec laquelle les gens entretiennent parfois une relation quasi amoureuse. Avec ce genre d'arguments de vente, les transports publics ont-ils réellement un avenir ? Les personnes interrogées par l'Eurobaromètre veulent le croire. Quelque 54 % d'entre elles sont prêtes à payer plus cher pour utiliser un mode de transport moins polluant, et 40 % sont favorables aux péages routiers afin de financer l'amélioration des transports publics, contre seulement 36 % qui préféreraient que ces fonds soient alloués à l'amélioration du réseau routier. Une majorité des personnes interrogées sont convaincues qu'il faut interdire la vente des véhicules les plus polluants, l'information sur l'impact environnemental de l'automobile n'étant pas suffisante pour en décourager l'usage. Faut-il voir, dans ce sondage, le signe d'une plus grande lucidité …