Les Grands de ce monde s'expriment dans

L'EUROPE AU PIED DU MUR

L'économie mondiale connaît depuis quelques mois un ralentissement marqué venant des pays les plus avancés. La crise qui a débuté en août 2007 et qui s'est aggravée en septembre 2008 avec la faillite de Lehman Brothers n'est pas terminée. Même si la récession de 2009 a été de courte durée, la reprise est décevante aux États-Unis et en Europe. La croissance américaine en 2011 se situera probablement autour de 1,5 %, alors qu'en juin dernier on espérait encore 3 %. La croissance allemande atteindra 2,7 % (après un recul de 5 % en 2009 !), mais elle redescendra près de la moyenne européenne dès 2012. À la lumière des données récentes et surtout des fortes turbulences financières de l'été, le FMI prévoit désormais une croissance de 1,6 % pour la zone euro prise dans son ensemble pour cette année et de 1,1 % en 2012. Sommes-nous à la veille d'une nouvelle récession ? C'est peu probable. La résilience des grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil...) nous permettra peut-être d'y échapper. La ligne de crête est étroite et, comme souvent, tout va se jouer sur l'incertain retour de la confiance et la capacité de mobiliser les énergies positives. À la crise mondiale s'ajoute, pour nous Européens, une grave crise dans la zone euro, déclenchée depuis la fin de 2009 avec la Grèce, puis étendue à l'Irlande, au Portugal et menaçant aussi l'Espagne et l'Italie. Bien que les deux étages de la fusée - le mondial et l'européen - interagissent, cet article porte exclusivement sur la crise dans la zone euro. Il traite à la fois des différentes dimensions du choc subi, des réponses déjà apportées, des scénarios envisageables et des décisions politiques à prendre pour écarter ceux de ces scénarios qui semblent les moins favorables. La crise dans la zone euro : ce qu'elle est, ce qu'elle est moins Ce qu'elle est... Il existe plusieurs lectures complémentaires des vives turbulences que traverse la zone euro depuis bientôt deux ans. Il s'agit d'abord d'une crise des dettes souveraines, avec des déficits publics et des ratios de dette publique qui, dans un certain nombre de pays membres, ont dépassé le seuil de soutenabilité. La récession a aggravé les déficits, entraînant une baisse des rentrées fiscales et une hausse des dépenses (liées au chômage) ; mais elle n'explique pas tout. Par un jeu de mistigri, la dette est passée du secteur privé (où elle est encore imposante !) vers les États, qui ont dû un peu partout sauver des banques, financer des plans de relance, soutenir des initiatives de croissance dans un contexte où le secteur bancaire est rendu frileux par la montée des risques et l'impact attendu des nouvelles réglementations prudentielles par ailleurs indispensables (par exemple, le dispositif Bâle III qui va entrer progressivement en vigueur)... La séquence peut varier d'un pays à l'autre. En Grèce et au Portugal, c'est le dérapage des finances publiques qui depuis longtemps pose problème, avec en prime, dans le cas grec, une tricherie organisée pendant plusieurs années …