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L'INTEGRATION EUROPEENNE, SEULE SOLUTION A LA CRISE

José Manuel Barroso se trouve à mi-chemin de son second mandat à la tête de la Commission européenne. Le moins que l'on puisse dire, c'est que sa tâche n'est pas facile dans la tempête économique et financière qui secoue depuis des mois les États membres de l'Union. Face au problème de la dette, quel peut être le rôle de la Commission européenne ? L'ancien premier ministre du Portugal, 55 ans, constate que « beaucoup de nos idées sont présentées par d'autres comme étant les leurs » - et il s'en félicite, si cela permet de progresser dans l'intégration. La crise, en tout cas, le conduit à revendiquer haut et fort un rôle central pour l'institution qu'il préside. Ce qui signifie, à ses yeux, qu'il est temps de remettre la « méthode communautaire » chère à Jean Monnet au premier plan. Or qui dit « méthode communautaire » dit davantage d'intégration politique et moins de coopération intergouvernementale. Difficile de tenir ce langage dans une Union à 27 où de nombreux électeurs - les élections le montrent - sont tentés par le repli identitaire. Mais José Manuel Barroso ne voit pas comment un pays européen, si important fût-il, pourrait s'en sortir seul. Il préconise donc, parce que aucun État membre ne veut vraiment quitter le navire, cette « Union de plus en plus étroite » dont parlent les traités. B. B. Baudouin Bollaert - La crise de la dette mine le monde occidental et sape les fondements de la monnaie unique européenne. La dernière mesure décidée en juillet par les 17 membres de la zone euro en faveur de la Grèce (160 milliards qui s'ajoutent aux 110 déjà débloqués en mai 2010) en appelle-t-elle d'autres du même genre ?
José Manuel Barroso - Il est vrai que la crise de la dette a mis en évidence certains points faibles dans la gestion commune de l'euro. Nous sommes en train de pallier ces faiblesses par des avancées importantes. Ce qui se passe actuellement est historique. Je suis convaincu que, dans le respect des principes de stabilité et de solidarité, nous pourrons avancer sur la voie de l'intégration européenne et apporter une réponse à la crise de la dette souveraine. Qui aurait cru possible, il y a encore dix-huit mois, la création d'un Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour venir en aide aux États en difficulté financière ? Qui aurait envisagé avant la crise que nous pourrions mettre en place un « Semestre européen » durant lequel les États membres coordonnent leurs politiques économiques et budgétaires avant de présenter leur projet de budget devant les parlements nationaux ? Enfin, qui aurait imaginé ces appels à l'approfondissement de la gouvernance économique et au renforcement du Pacte de stabilité et de croissance - thèmes qui sont au coeur de l'action de la Commission européenne depuis plusieurs années ? Nous tirons collectivement les enseignements de douze années d'union monétaire en développant enfin une architecture économique à la hauteur des défis.
B. B. - Il n'en demeure pas moins une impression d'atermoiements et de lenteur...
J. M. B. - C'est pourquoi la priorité est maintenant de mettre en oeuvre l'aide financière à la Grèce. Le paquet de mesures décidé le 21 juillet lance un message politique fort : l'engagement de la Grèce dans la conduite des réformes s'accompagne de la solidarité des autres États de la zone euro. Ce paquet, une fois mis en place, va permettre à la Grèce de continuer à se financer et à réduire son endettement grâce, notamment, à la participation du secteur privé. Parallèlement, la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) - qui composent la Troïka - contrôlent les progrès faits par Athènes en termes de consolidation budgétaire et de réformes structurelles essentielles, conditions nécessaires aux prêts des autres États membres. Tous les États membres ont ratifié ces changements pour rendre ces mesures pleinement effectives. L'Irlande et le Portugal bénéficient également d'une assistance financière et se sont engagés dans des réformes courageuses mais nécessaires. Dans les deux cas, la Troïka a estimé que les programmes d'ajustement budgétaire étaient sur la bonne voie. Les efforts de réduction des déficits budgétaires concernent la quasi-totalité des États membres. Il ne s'agit pas seulement de répondre à la pression des investisseurs, mais aussi et surtout d'assurer la viabilité de nos économies. Continuer à s'endetter, c'est se rendre encore …