José Manuel Barroso - Il est vrai que la crise de la dette a mis en évidence certains points faibles dans la gestion commune de l'euro. Nous sommes en train de pallier ces faiblesses par des avancées importantes. Ce qui se passe actuellement est historique. Je suis convaincu que, dans le respect des principes de stabilité et de solidarité, nous pourrons avancer sur la voie de l'intégration européenne et apporter une réponse à la crise de la dette souveraine. Qui aurait cru possible, il y a encore dix-huit mois, la création d'un Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour venir en aide aux États en difficulté financière ? Qui aurait envisagé avant la crise que nous pourrions mettre en place un « Semestre européen » durant lequel les États membres coordonnent leurs politiques économiques et budgétaires avant de présenter leur projet de budget devant les parlements nationaux ? Enfin, qui aurait imaginé ces appels à l'approfondissement de la gouvernance économique et au renforcement du Pacte de stabilité et de croissance - thèmes qui sont au coeur de l'action de la Commission européenne depuis plusieurs années ? Nous tirons collectivement les enseignements de douze années d'union monétaire en développant enfin une architecture économique à la hauteur des défis.
B. B. - Il n'en demeure pas moins une impression d'atermoiements et de lenteur...
J. M. B. - C'est pourquoi la priorité est maintenant de mettre en oeuvre l'aide financière à la Grèce. Le paquet de mesures décidé le 21 juillet lance un message politique fort : l'engagement de la Grèce dans la conduite des réformes s'accompagne de la solidarité des autres États de la zone euro. Ce paquet, une fois mis en place, va permettre à la Grèce de continuer à se financer et à réduire son endettement grâce, notamment, à la participation du secteur privé. Parallèlement, la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) - qui composent la Troïka - contrôlent les progrès faits par Athènes en termes de consolidation budgétaire et de réformes structurelles essentielles, conditions nécessaires aux prêts des autres États membres. Tous les États membres ont ratifié ces changements pour rendre ces mesures pleinement effectives. L'Irlande et le Portugal bénéficient également d'une assistance financière et se sont engagés dans des réformes courageuses mais nécessaires. Dans les deux cas, la Troïka a estimé que les programmes d'ajustement budgétaire étaient sur la bonne voie. Les efforts de réduction des déficits budgétaires concernent la quasi-totalité des États membres. Il ne s'agit pas seulement de répondre à la pression des investisseurs, mais aussi et surtout d'assurer la viabilité de nos économies. Continuer à s'endetter, c'est se rendre encore …