Ulysse Gosset - Madame Lagarde, qu'avez-vous ressenti le jour où vous vous êtes installée dans ce bureau du FMI, à deux pas de la Maison-Blanche ? Lorsque vous étiez jeune étudiante aux États-Unis, auriez-vous imaginé qu'un jour vous pourriez occuper un tel poste ?
Christine Lagarde - Ce n'est pas dans ce bureau qu'on a le sentiment le plus fort ; c'est lorsqu'on pénètre dans le grand hall d'entrée du Fonds et qu'on aperçoit soudain les 187 drapeaux des 187 membres de l'Institution. C'est à ce moment-là que j'ai pris conscience de ma nouvelle responsabilité. Je n'étais plus la ministre des Finances en charge de l'économie française. Tout à coup, je me suis retrouvée à la tête d'une institution à caractère universel, chargée de diriger une équipe qui devait rendre des comptes à 187 États membres. J'ai éprouvé une sorte de « conversion ».
U. G. - Sur le plan personnel, c'est en tout cas l'aboutissement d'une formidable carrière...
C. L. - Je renoue un peu avec mon adolescence puisque, vous le savez, j'ai passé ma première année américaine ici, à Washington, en 1973, juste après mon bac, à la Holton-Arms School. C'est la preuve que, dans la vie, les trajectoires ne sont jamais fixées de manière irréversible.
U. G. - Vous êtes la première femme à occuper ce poste prestigieux. Y voyez-vous un symbole important ?
C. L. - Il était grand temps qu'une femme puisse exercer ce genre de responsabilité. C'est un bon signe pour cette institution qui fait de la diversité l'une de ses priorités, à la fois en termes de « genre » comme on dit en américain (mon objectif est de recruter 30 % de femmes à des postes de direction) et en termes d'origine géographique et ethnique.
U. G. - Vous avez été désignée « Femme de l'année 2011 » par le Financial Times. Vous étiez en compétition avec le Mexicain Agustín Carstens. Certains voyaient là l'occasion de placer un représentant d'un pays émergent à la tête d'une grande institution internationale. Or voilà qu'une Européenne a succédé à un Européen. Comment avez-vous géré cette situation ?
C. L. - Je vous parlais de « conversion ». À partir du moment où l'on entre dans cette institution, à quelque niveau que ce soit, on se met au service de ses 187 membres. Même si, aujourd'hui, je passe une grande partie de mon temps sur les questions européennes, c'est à l'ensemble des membres que je me consacre. Les réformes engagées en 2010 en matière de gouvernance, qui ont abouti à un changement de représentation au sein du Conseil d'administration, ont déjà contribué à une meilleure prise en compte de la diversité.
Si Agustín avait été élu - je le connais suffisamment pour le savoir -, il aurait vécu la même conversion que moi. En arrivant ici, il ne serait pas devenu le représentant des pays émergents. Il serait devenu le directeur général d'une institution de 187 États membres. Un jour, il y aura un Mexicain ou …
Christine Lagarde - Ce n'est pas dans ce bureau qu'on a le sentiment le plus fort ; c'est lorsqu'on pénètre dans le grand hall d'entrée du Fonds et qu'on aperçoit soudain les 187 drapeaux des 187 membres de l'Institution. C'est à ce moment-là que j'ai pris conscience de ma nouvelle responsabilité. Je n'étais plus la ministre des Finances en charge de l'économie française. Tout à coup, je me suis retrouvée à la tête d'une institution à caractère universel, chargée de diriger une équipe qui devait rendre des comptes à 187 États membres. J'ai éprouvé une sorte de « conversion ».
U. G. - Sur le plan personnel, c'est en tout cas l'aboutissement d'une formidable carrière...
C. L. - Je renoue un peu avec mon adolescence puisque, vous le savez, j'ai passé ma première année américaine ici, à Washington, en 1973, juste après mon bac, à la Holton-Arms School. C'est la preuve que, dans la vie, les trajectoires ne sont jamais fixées de manière irréversible.
U. G. - Vous êtes la première femme à occuper ce poste prestigieux. Y voyez-vous un symbole important ?
C. L. - Il était grand temps qu'une femme puisse exercer ce genre de responsabilité. C'est un bon signe pour cette institution qui fait de la diversité l'une de ses priorités, à la fois en termes de « genre » comme on dit en américain (mon objectif est de recruter 30 % de femmes à des postes de direction) et en termes d'origine géographique et ethnique.
U. G. - Vous avez été désignée « Femme de l'année 2011 » par le Financial Times. Vous étiez en compétition avec le Mexicain Agustín Carstens. Certains voyaient là l'occasion de placer un représentant d'un pays émergent à la tête d'une grande institution internationale. Or voilà qu'une Européenne a succédé à un Européen. Comment avez-vous géré cette situation ?
C. L. - Je vous parlais de « conversion ». À partir du moment où l'on entre dans cette institution, à quelque niveau que ce soit, on se met au service de ses 187 membres. Même si, aujourd'hui, je passe une grande partie de mon temps sur les questions européennes, c'est à l'ensemble des membres que je me consacre. Les réformes engagées en 2010 en matière de gouvernance, qui ont abouti à un changement de représentation au sein du Conseil d'administration, ont déjà contribué à une meilleure prise en compte de la diversité.
Si Agustín avait été élu - je le connais suffisamment pour le savoir -, il aurait vécu la même conversion que moi. En arrivant ici, il ne serait pas devenu le représentant des pays émergents. Il serait devenu le directeur général d'une institution de 187 États membres. Un jour, il y aura un Mexicain ou …
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