« America great again ! » En cet automne de l'année 1979, le candidat républicain à la Maison Blanche, Ronald Reagan, fait du retour de l'Amérique l'axe central de sa campagne. Il est vrai que le pays vit mal cette fin de décennie. La présidence Nixon, avec le scandale du Watergate et l'empeachment du président, l'ont traumatisé. Il a été humilié au Vietnam, puis en Iran. Le dollar est au plus bas, le pétrole au plus haut. Les États-Unis viennent de basculer dans la récession. Le pouvoir d'achat est en berne. Le chômage atteint 7,5 % de la population active : un taux record ! L'automobile et l'électronique, fleurons de l'industrie, se font damer le pion par les groupes japonais. La « réindustrialisation » s'invite dans la campagne électorale. Ronald Reagan en fera un des axes de son projet. Trente-trois années plus tard, l'histoire se répète. Comment relancer l'Amérique, lui redonner ce dynamisme qui était sa marque de fabrique ? Comment réindustrialiser un pays qui a cru que la finance et les cerveaux suffiraient à assurer son leadership mondial ? Oui, il y a bien des similitudes entre les États-Unis de 1979 et les États-Unis de 2012. Certes, rien de comparable avec la défaite au Vietnam et le fiasco en Iran. Cette fois, Washington a organisé la retraite sur des « positions préparées à l'avance ». Ben Laden a été exécuté, mais la guerre en Afghanistan est un échec. L'Irak a coûté une fortune au budget américain. Partout, dans le monde arabo-musulman, les alliés de l'Amérique doivent laisser peu à peu la place aux islamistes. C'est sur le plan économique que la situation est sans doute la plus grave. La crise est toujours là. Les centaines de milliards injectés n'ont pas permis à l'économie de rebondir. Le chômage devient structurel. Des dizaines de millions d'Américains sont paupérisés. Pis : les déficits commerciaux et budgétaires continuent de s'envoler avec, pour corollaire, une dette qui n'est plus sous contrôle. Plusieurs États, et non des moindres, à commencer par la Californie, sont en situation de faillite. Les Américains découvrent peu à peu qu'ils ne sont plus les maîtres du monde, ni même les maîtres chez eux. Cette fois, ce ne sont plus les Japonais, mais les Chinois qui ont pris les parts de marché et qui alimentent, avec leurs produits, les gondoles de Wal-Mart et des magasins. L'Amérique ne produit plus ce qu'elle consomme. Jamais depuis la Grande Dépression le fossé entre les plus riches et les plus pauvres n'a été aussi important. Pourtant, l'inégalité n'a pas outre-Atlantique la même charge symbolique qu'en France. À une condition : que chacun puisse avoir sa chance... pour faire fortune. Et que ceux qui ne respectent pas la règle du jeu soient punis. Or la dernière décennie a mis à mal ces deux principes. Trop de gens ont désormais le sentiment qu'ils ne pourront pas s'en sortir et que, bien au contraire, ils s'enfoncent. La plupart des Américains estiment, à juste titre, que le monde de …
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