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SYRIE : SCENARIOS POUR UNE SORTIE DE CRISE

Confrontés à une répression d'une cruauté nulle part égalée depuis le début du « Printemps arabe », les Syriens se demandent chaque jour quand et comment va se finir l'aventure dans laquelle ils se sont engagés le 15 mars 2011 (1). Ils ne sont pas les seuls à se poser la question. Depuis que Bachar al-Assad a menacé de provoquer un séisme dans l'ensemble du Moyen-Orient s'il était la cible d'une intervention militaire étrangère, toutes les chancelleries aimeraient, elles aussi, pouvoir y répondre. Pour envisager l'avenir, il est nécessaire d'avoir une idée précise des forces en présence. La situation, en ce début d'année 2012, est en effet très différente de ce qu'elle était un an plus tôt. Avant que le mouvement de contestation ait atteint la Syrie, la scène politique était tout entière occupée par un acteur unique : le régime. Les événements des mois écoulés ont radicalement changé la donne. Les Syriens se sont brusquement réveillés. Ils sont descendus dans la rue et ont décidé de se faire entendre. Au lieu d'entamer le dialogue, le régime a aussitôt opté pour la répression. Mais ni le temps ni la force ne sont parvenus à les chasser ou à les faire taire. Campant à distance des deux parties, la communauté internationale a longtemps fait montre de passivité. Les pays arabes ont semblé paralysés par les risques d'« effet domino » dont cette nouvelle révolution pourrait être porteuse. Certains amis étrangers de la Syrie ont trouvé dans leur réticence une justification à leur propre prévention contre un nouveau recours à la force. Que s'est-il passé depuis un an ? Quelle est la stratégie du pouvoir et celle des contestataires ? Quel est, aujourd'hui, le scénario de sortie de crise le plus probable ? Hier Le régime syrien, un édifice complexe Fin 2010, alors que la crise approche, la force du pouvoir de Damas tient dans la complémentarité des ensembles qui le constituent. Ces groupes peuvent diverger sur les modalités de gestion du pays et de la population. Mais ils sont soudés autour du même objectif : conserver leur mainmise sur le pouvoir et les ressources de l'État. À la tête de l'édifice trône Bachar al-Assad. Âgé de 45 ans, il exerce une influence déterminante sur la prise de décision en Syrie. Tout passe par lui. Aucune modification d'importance ne peut être apportée dans les domaines politique, militaire, sécuritaire ou économique sans son arbitrage. Il est persuadé que son pays ne sera pas atteint par la vague des contestations parce qu'il est « populaire » et qu'il exprime dans ses discours les « véritables aspirations » de sa population. Son frère cadet Maher est son bras droit dans le secteur militaire. Général, il commande une brigade de la 4e division mécanisée, l'unité la plus puissante de l'armée syrienne. Il est le véritable « patron » de l'armée, en raison de sa proximité avec son frère. L'autre homme fort du régime, le général Asef Chawkat, directeur des renseignements militaires entre 2005 et 2009 et …