La démocratie n'est pas chose innée au Pakistan. Pour autant, et bien que le pays ait passé la moitié de sa courte histoire sous la férule militaire, il serait erroné d'affirmer que les dictatures sont inscrites dans son code génétique. Les dix dernières années ont été décisives pour l'évolution - très fluctuante - de l'exercice du pouvoir à Islamabad, et les mois qui viennent le seront encore plus. La décennie écoulée a été marquée par les effets pervers du conflit afghan sur la politique intérieure pakistanaise. La guerre en Afghanistan, déclarée en 2001 par la coalition que conduisaient les États-Unis, a profondément modifié le jeu du Pakistan dans la région. Allié contre son gré à Washington dans la lutte contre les talibans, Islamabad a acquis une nouvelle dimension sur la scène internationale et assume désormais un rôle différent de celui qui fut le sien jusqu'en 2001. Pour le meilleur et pour le pire. Mais les retombées du conflit afghan ont surtout profondément changé la donne au Pakistan même, où un terrorisme « autochtone » sans précédent a vu le jour. La toute-puissante armée en a payé le prix le plus fort. Un autre élément, plus surprenant peut-être, est en train de rebattre les cartes du pouvoir à Islamabad : en 2007, l'appareil judiciaire a été propulsé dans la vie politique du pays. Il y exerce depuis quelques mois une influence considérable. Au profit ou au détriment de la démocratie ? À voir. Aujourd'hui, le Pakistan est au milieu du gué. Début décembre 2011, des bruits de bottes se sont fait entendre à Islamabad, puis ils se sont tus. Mais si le retour d'une dictature militaire est plus qu'improbable, l'avènement d'une véritable démocratie est loin d'être acquis. Le Pakistan sort de son isolement À l'automne 2001, ce n'est pas de gaieté de coeur qu'Islamabad s'était engagé aux côtés des États-Unis dans une alliance contre les talibans. Des talibans avec lesquels le Pakistan entretenait jusqu'alors d'excellentes relations. Aujourd'hui, de son exil londonien, le général-président Pervez Musharraf reconnaît qu'il n'avait pas le choix. Dans une interview au quotidien suisse Le Temps, début septembre 2011, l'ancien chef de l'État, contraint à la démission en 2008, raconte : « À l'époque, il a fallu agir rapidement. Comme tout le monde, j'étais abasourdi par ce que j'avais vu à la télévision, les tours du World Trade Center qui s'écroulent. Le lendemain des attaques du 11 Septembre, j'ai eu Colin Powell (1) au téléphone, qui a été très clair. Il m'a dit : "Vous êtes avec nous ou contre nous." Au même moment, le directeur de nos services de renseignement, qui se trouvait à Washington, m'a confié qu'il s'était entretenu avec Richard Armitage (2), qui lui avait tenu ces propos : "Si vous ne rejoignez pas notre camp, le Pakistan sera tellement bombardé qu'il retournera à l'âge de pierre." Avec tout ça, je n'ai pas hésité une seconde. Je leur ai fait savoir que nous étions avec eux, bien que le Pakistan fût l'un des trois pays …
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