Les Grands de ce monde s'expriment dans

FRANCE-ALLEMAGNE : LE NOUVEAU DUO

Telle l'Atlantide, « Merkozy » a sombré dans les flots. Le 6 mai 2012, une vague rose a submergé cette île européenne surgie cinq ans plus tôt. Le rideau est tombé sur une entente franco-allemande d'abord difficile, mais rapidement devenue incontournable et efficace. Le curieux couple que formaient Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, personnalités dissemblables tant par leur caractère que par leurs origines (1), était demeuré jusqu'au bout paradoxal. Les deux dirigeants incarnaient deux États différents par leurs us et coutumes, par leur culture et leurs manières, mais liés l'un à l'autre par de puissants intérêts communs et par leur attachement à la démocratie. La tranquille chancelière avait fini par apprécier sa coopération avec le remuant président ; celui-ci, de son côté, semblait ne plus agir sans le feu vert de sa partenaire allemande. Ils se concertaient presque quotidiennement. Réalistes tous deux, pragmatiques même, ils défendaient les intérêts vitaux de leurs pays et de l'Europe. Le second tour de la présidentielle française a mis un terme à une ère de convergence franco-allemande encore plus étroite que sous de Gaulle et Adenauer, Giscard d'Estaing et Schmidt ou Mitterrand et Kohl. De facto si ce n'est de jure, nous n'avions jamais été aussi proches d'une confédération franco-allemande. Pour contrer la crise mondiale déclenchée en 2008 aux États-Unis, Paris et Berlin avaient formé une sorte de gouvernance commune unique en son genre qui, quatre années durant, tint la vedette en Europe et même dans le monde. Débordant largement des traités bilatéraux et communautaires, ce duumvirat vivait d'une Constitution virtuelle, faite de compromis que presque tous les pays membres de la zone euro et de l'Union européenne avaient entérinés lors de sommets communs. « Nicolas et Angela » étaient constamment sur la brèche, toujours en phase et au coude à coude. Largement approuvée en Europe continentale - et provoquant moins de jalousies qu'on ne l'a prétendu parce qu'elle formait un pôle de référence commode et une sorte de pivot de l'Europe -, la « Françallemagne » pesait assez lourd pour jouer un rôle dans le monde. Seul, aucun des deux pays n'aurait pu agir de façon aussi efficace. « Modèle allemand » ou « Deutsches Diktat » ? Germanophobie et « Merkelophobie » des socialistes français On peut s'étonner que la politique extérieure ait été quasiment absente de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy. N'a-t-il pas commis une grave erreur en n'abattant pas cet atout ? Son challenger, François Hollande, député de la Corrèze issu de la France profonde et de l'appareil socialiste, n'avait aucune expérience en la matière, et pas beaucoup d'idées à avancer. Or le président sortant ne fut pas spécialement offensif sur ce terrain, y compris lors du débat télévisé tenu entre les deux tours - et cela, alors que les partenaires européens, et en particulier l'Allemagne, considéraient que le scrutin français était déterminant pour l'avenir du continent. Pourtant, même si M. Sarkozy n'a guère insisté sur son action internationale, le risque existait, aux yeux des socialistes, que les électeurs lui …