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LES DOUZE TRAVAUX DU PRESIDENT MEXICAIN

L'heure de la modernité avait sonné. En juillet 2000, l'ensemble de la communauté internationale, Washington en tête, saluait un « triomphe pour la démocratie » après la victoire de Vicente Fox à l'élection présidentielle mexicaine. Le candidat du Parti action nationale (PAN, droite), ancien président de la division Amérique latine de Coca-Cola, mettait fin à 71 ans de pouvoir sans partage du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre). Le vent d'espoir qui soufflait soudain sur ce pays de 112 millions d'habitants représentait bien plus qu'une simple alternance. Si les milieux modestes demeuraient loyaux à leurs caciques, les classes moyennes et les élites, elles, avaient décidé d'affranchir le peuple de la fameuse « dictature parfaite » qu'exerçait depuis près de trois quarts de siècle un parti hégémonique autoritaire, clientéliste et corporatiste. Une nouvelle ère démocratique s'ouvrait, accueillie avec enthousiasme par les Mexicains. Le pays entrait de plain-pied dans le XXIe siècle. Le bilan mitigé de l'alternance Pauvreté et violence Douze ans plus tard, au lendemain du scrutin présidentiel et des élections législatives du 1er juillet, le bilan semble mitigé. L'insécurité, la pauvreté et la corruption ont explosé. La transition démocratique n'a pas porté les fruits escomptés. En juillet 2006, l'élection contestée du second président du PAN, Felipe Calderon, avec seulement 0,56 % d'avance sur son adversaire du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), Andres Manuel Lopez Obrador, a marqué les esprits. Ce dernier, ancien maire de Mexico (2000-2005), avait dénoncé une fraude qui n'a jamais été reconnue par le Tribunal fédéral électoral. En mal de légitimité à son entrée en fonctions en décembre 2006, le président Calderon est parti en croisade contre le narcotrafic, déployant 50 000 militaires sur le territoire. Depuis, le bain de sang s'étend aux quatre coins du pays. La lutte que se livrent les cartels de la drogue entre eux et contre les autorités a fait plus de 50 000 morts en cinq ans et demi. Les associations de proches de victimes dénoncent les violations des droits de l'homme dont les militaires se rendent coupables - un déchaînement de violence qui n'a pas suffi à endiguer le dynamisme des groupes criminels. Tels des seigneurs féodaux, les narcotrafiquants ont étendu leur emprise sur la vie politique et économique locale. Une vingtaine de maires ont été assassinés depuis 2010. Les cartels s'en prennent également à l'État fédéral : en 2008, le ministre de l'Intérieur, Juan Camilo Mouriño, périssait dans un étrange crash aérien au coeur de Mexico. Deux ans plus tard, son successeur, Francisco Blake, trouvait la mort dans une chute d'hélicoptère en périphérie de la capitale. L'implication du crime organisé n'a jamais été prouvée. Mais la récurrence de ces tragédies au sommet de l'État laisse planer le doute. En février 2012, l'Institut fédéral électoral (IFE), chargé du bon déroulement des scrutins, assurait avoir « blindé les élections » face aux risques d'ingérence des cartels... en inspectant les comptes de campagne des candidats susceptibles d'être financés par les mafias : une mesure pour le moins limitée face à la …