La situation au Mali est loin d'être résolue et le pays d'être stabilisé, malgré le bilan très positif de l'intervention Serval. Toutefois, les événements récents permettent de mettre en lumière un fait majeur : leur excès de confiance et leurs erreurs d'évaluation ont eu des conséquences funestes pour les groupes terroristes. La récente déroute qu'ont connue les divers mouvements armés islamistes opérant au Sahel face à l'armée française en est l'illustration. Au demeurant, la victoire contre un adversaire asymétrique est suffisamment rare pour que l'on s'attarde à en comprendre les ressorts. L'origine de la crise malienne Le nord du Mali a été le théâtre de nombreuses rébellions touarègues depuis le début des années 1960 (1962-1964, 1990, 1994-1995 et 2006). Pourtant, cette région est loin de n'être peuplée que de Touaregs : Songhaïs (1), Peuls (2) et Arabes y sont également présents et sont nettement plus nombreux que les « hommes bleus ». Néanmoins, aujourd'hui encore, bien des observateurs continuent d'assimiler à tort la « question du Nord » et la « question touarègue ». Le problème du sous-développement du Nord-Mali est, en effet, une réalité ancienne ; et les revendications des populations locales, qui s'estiment abandonnées par le pouvoir central, y sont fondées et légitimes. Toutefois, la question touarègue est également le fait de réactions identitaires sporadiques, sous la houlette de chefs de clan passant leur temps à se révolter, puis à se rallier aux autorités de Bamako dans le but de percevoir des fonds pour ce ralliement. Ils sont, au demeurant, très loin de regrouper la majorité des Touaregs derrière leur bannière. À partir des années 1990, l'insécurité de la région s'est accrue en raison du repli vers le Sahara des groupes terroristes islamistes algériens, sous la pression de l'armée. Ces groupes ont épousé, en 2007, la cause du djihad mondialisé prôné par Ben Laden. Conséquence : on assiste, depuis quelques années, à une montée de l'islamisme dans le pays. Face à ces défis, l'État malien s'est révélé incapable d'assurer le développement et la sécurité de son territoire, comme de résoudre la question touarègue. Mais le facteur principal qui allait conduire à une nouvelle explosion de violence a été l'intervention de l'Otan en Libye. L'intervention franco-anglo-américaine en Libye a eu des retombées désastreuses pour tout le Sahel et l'Afrique du Nord. L'insistance des Occidentaux à se débarrasser de Kadhafi a ouvert une véritable boîte de Pandore. Le renversement du régime libyen est venu accélérer le processus de déstabilisation de la région : les groupes islamistes et criminels ont mis la main sur les stocks d'armes et ont bénéficié d'une liberté de circulation et d'action nouvelle. Rapidement, le Mali, l'un des États les plus fragiles de la zone, s'est trouvé confronté au retour de plusieurs centaines d'anciens soldats touaregs de l'armée de Kadhafi, lesquels disposaient en abondance de matériels de guerre mais, aussi, de fonds leur permettant de recruter, dans la région, de nouveaux combattants qui rejoignirent leur mouvement pour des raisons idéologiques ou économiques. En janvier 2012, ces éléments …
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