Les Grands de ce monde s'expriment dans

L'AVENIR PROMETTEUR DU TEA PARTY

Après les succès électoraux du Tea Party aux élections législatives de 2010, qui permirent au GOP (1) de reconquérir la majorité à la Chambre des représentants, les élus républicains comprirent qu'ils avaient intérêt à revenir aux principes fondateurs de la nation : gouvernement limité (en taille et en prérogatives) ; respect du peuple souverain ; et respect de la Constitution. L'urgence était, en l'occurrence, de mettre un frein aux folles dépenses de l'État administratif, perçu comme autoritaire, et de renouer avec un processus démocratique mis à mal par l'administration Obama. En 2012, le Tea Party plaça au coeur de l'élection présidentielle, et de toutes les autres élections qui avaient lieu également le 6 novembre, le thème de la responsabilité fiscale. Unis dans le désir de battre Obama et de barrer la route au « socialisme », républicains modérés et conservateurs purs et durs tentèrent d'aplanir leurs divergences et de s'entendre sur l'essentiel dans la perspective de l'élection présidentielle. Le tandem Romney-Ryan fut le produit d'un compromis. Romney était incontestablement le candidat du GOP, une figure de l'establishment vis-à-vis de laquelle le Tea Party éprouvait des réticences. Ryan lui-même n'était pas exactement Tea Party mais il s'en approchait. S'ils avaient gagné, les républicains se seraient attelés non à la suppression mais à la réforme inévitable et sans cesse reportée des piliers de l'État-providence (2) qui poussent le pays vers la faillite. Romney battu, on vit républicains et conservateurs (Tea Party ou traditionnels) revenir à leur défiance mutuelle et se rejeter la responsabilité de la défaite. Le Tea Party avait-il nui au GOP qui avait dû lui faire de la place en ses rangs ou était-ce l'inverse ? La coordinatrice nationale du Tea Party Patriots, Jenny Beth Martin, exprima le sentiment dominant dans le mouvement au lendemain de ce revers : « La droite de salon nous a imposé un candidat faible, l'échec à la présidence lui incombe sans équivoque. » La question de l'avenir du parti républicain était dès lors posée. C'est en ordre dispersé, en proie à des divisions internes exacerbées entre républicains dits « modérés » et la minorité conservatrice, que le parti s'apprêtait à affronter un Obama réélu plus arrogant que jamais. Anatomie d'une défaite Le Tea Party est aussi l'expression du mépris du peuple souverain pour les élites indignes, c'est-à-dire toutes celles qui prétendent le représenter mais qui, en réalité, le desservent. Le corps élitiste qu'est l'establishment républicain est peut-être le plus détesté car il est perçu comme traître à ses semblables. Il est vrai qu'il voue aux conservateurs nouvellement arrivés une hostilité qui remonte à l'ère Reagan. Ce sont les mêmes qui, il y a trente ans, regardaient de haut le « cow-boy » Reagan et qui, aujourd'hui, traitent avec condescendance ces élus Tea Party comme s'ils n'étaient que des parvenus bruyants, ignorants des jeux subtils de Washington. La fracture au sein du GOP est aussi géographique : les États conservateurs s'opposent à l'État fédéral et à l'élite politique de Washington, démocrates et républicains confondus. On …