Que sera le Mali d'après la crise, une fois que l'armée française aura plié bagage ? Les perspectives ne sont pas seulement brouillées par les ambitions du putschiste Amadou Sanogo qui, pour l'heure, reste dans la coulisse mais n'a peut-être pas dit son dernier mot. Elles le sont, aussi, par l'écheveau de problèmes qu'il faudra démêler, sur fond d'une guerre qui est loin d'être terminée. Les terroristes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont subi de lourdes pertes, mais ils opposent toujours une résistance dans les villes du Nord, à Gao, Kidal et Tombouctou ainsi que dans les montagnes du désert, l'Adrar des Ifoghas. Par surcroît, les risques de contagion du conflit ou d'extension de la menace terroriste ne sont pas nuls. Le Mali d'après la crise devra régler la question touarègue, lancinante depuis l'indépendance. Il devra, aussi, résoudre le problème que pose le passage sur son territoire d'un important trafic de drogue - un phénomène qui a permis aux islamistes de prendre possession du désert. Autres défis majeurs : comment gérer les divisions dans l'armée et empêcher des règlements de comptes entre militaires, milices civiles et tout ce qui ressemble de près ou de loin à un Touareg ou à un islamiste ? Quel homme politique aura l'envergure pour rassembler la nation dans une Commission Vérité et Réconciliation - voire une conférence nationale, avant ou après les prochaines élections, prévues pour le 31 juillet 2013 au plus tard ? Comment les relations avec la France vont-elles évoluer, alors que Paris veut passer la main à une mission de maintien de la paix sous commandement onusien ? Autant de questions en suspens... Amadou Sanogo, un risque politique majeur Avant le 22 mars 2012, personne n'avait entendu parler d'Amadou Haya Sanogo. Ce jour-là, le putsch conduit par cet officier subalterne de petite taille, alors âgé de 39 ans, a fait tomber la figure politique la plus importante de son pays, Amadou Toumani Touré (« ATT »). Ancien militaire, ATT avait permis à la démocratie malienne d'éclore en 1991, en organisant une transition express et les premières élections démocratiques du pays, après avoir renversé la dictature du général Moussa Traoré (1968-1991). Alpha Oumar Konaré, ancien professeur d'histoire et opposant historique à Moussa Traoré, avait été élu président en 1992 et réélu en 1997. En 2002, il avait passé la main à ATT, qui s'était présenté sans uniforme, retiré de l'armée, mais aussi sans parti politique, se posant comme l'homme du consensus. Dix ans plus tard, au terme de son second mandat, ATT était prêt à quitter le pouvoir lors de l'élection prévue pour le 29 avril 2012. Mais la crise libyenne et la situation dans le Nord-Mali, qu'on lui reproche d'avoir laissée pourrir, en ont décidé autrement. Le putsch d'Amadou Haya Sanogo a démarré comme une simple mutinerie de militaires. Des sous-officiers, parmi les 7 300 hommes de l'armée malienne, ont réclamé plus de moyens pour lutter contre les quelque 2 000 à 3 000 rebelles touaregs du Mouvement national de libération de …
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