Inquiétude, mais aussi et surtout perplexité. Tel est le maître mot qui, début 2013, résume au mieux l'état d'esprit des responsables économiques, qu'ils soient ou non aux commandes. Perplexité devant l'infinie difficulté à sortir de la crise déclenchée par le krach financier de 2008 ; perplexité devant la lenteur à retrouver des taux de croissance qui permettraient enfin d'écarter le spectre de catastrophes sociales et politiques. Voilà quatre années que nous vivons avec des taux d'intérêt proches de zéro. Même aux pires moments des années 1930, jamais ils n'étaient descendus aussi bas. C'est la première fois dans l'histoire contemporaine qu'un tel événement se produit. Le maniement des taux est une arme traditionnelle pour sortir l'économie du trou ou vaincre ses moments de langueur. Mais, cette fois-ci, rien n'y fait, malgré le caractère exceptionnel des moyens mobilisés (les trois opérations américaines d'assouplissement quantitatif (1), l'ouverture des vannes de la création monétaire, tant par la Fed que par la BCE). Vers la fin de l'année 2011, malgré de violentes inquiétudes sur la capacité de survie de l'euro, on y a cru un court moment. Mais, depuis, le ciel s'est de nouveau assombri, davantage en Europe qu'aux États-Unis. On sait ce qu'il en est en France (une prévision de croissance nulle pour 2013 alors qu'il y a à peine six mois le nouveau président s'accrochait encore à l'annonce d'un maigre 0,8 %). Même l'Allemagne semble touchée. Sans être encore tout à fait remise de la grande récession de 2010, l'économie européenne devrait de nouveau connaître un sensible trou d'air (ce que, dans leur jargon, les économistes appellent une double dip recession). Pourquoi cette lenteur de nos économies à se remettre sur pied ? Pourquoi cette apparente inefficacité des outils traditionnels de l'action économique ? Seraient-ils obsolètes ? Les théories qui en sous-tendent l'usage seraient-elles désormais dépassées par une nouvelle réalité ? La grande déception Il a fallu un certain temps pour qu'économistes et universitaires prennent pleinement conscience de l'ampleur de la surprise et s'ajustent à cette nouvelle situation. Bien sûr, la doxa keynésienne (néo-keynésienne ou post-keynésienne) continue de dominer la pensée macro-économique. Mais d'autres approches existent qui proposent d'autres réponses et nourrissent des polémiques dont on ne retrouve pas toujours les échos dans les médias traditionnels. Un grand nombre d'économistes sont persuadés que le doute n'est pas permis : si la reprise tant espérée avorte, si elle déçoit les espoirs, c'est qu'il y a défaillance de la demande globale. Et s'il en est ainsi c'est que quelque chose, quelque part, entrave la dynamique de reprise que devraient pourtant nourrir les politiques de relance monétaire massive poursuivies depuis cinq ans. Un graphique permet de visualiser cette défaillance (2). Il représente l'évolution sur la longue période de ce que les économistes appellent le PIB nominal, c'est-à-dire la mesure en valeur (y compris l'inflation) de ce qui est produit sur le sol national. Appliqué aux États-Unis, ce graphique met en évidence un trend de croissance moyen de l'ordre de 4,5 % l'an. À partir de la …
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