José Manuel García-Margallo est un jeune ministre : en décembre 2011, il entre au gouvernement pour la première fois, à 67 ans. Mais il n'en est pas moins un homme politique d'expérience.
À l'âge de 16 ans, en 1960, il adhère aux Jeunesses monarchistes espagnoles puis participe en 1974, avec Manuel Fraga Iribarne, à la création de la FEDISA, la Fondation des études indépendantes. Dès ces années-là, il milite pour l'avènement d'une monarchie constitutionnelle dotée d'un régime parlementaire. Il faudra attendre la mort de Franco, en novembre 1975, pour que ses voeux soient exaucés. José Manuel García-Margallo prend alors part à la création de l'Alliance populaire, sous l'égide des deux grandes figures de la « transition » espagnole vers la démocratie : Pio Cabanillas Gallas et José Maria de Areilza. En 1977, il fait partie des membres fondateurs de l'UDC, l'Union du centre démocratique, appelée à dominer la vie politique post-franquiste. Une nouvelle Constitution est adoptée l'année suivante. Plus tard, García-Margallo rejoint la Démocratie chrétienne qui participe à la fondation du nouveau Parti populaire (PP), dont il devient membre en 1989.
José Manuel García-Margallo est un ministre des Affaires étrangères atypique. Ce spécialiste des questions monétaires et financières formé à Harvard fut, en effet, inspecteur des finances avant de siéger au Congrès des députés puis au Parlement européen (1994-2011) où il occupa, de 1999 à 2004, le poste de vice-président de la commission économique et monétaire. Mais c'est surtout grâce à son franc-parler qu'il est devenu une personnalité bien connue des médias. Ses déclarations à l'emporte-pièce, fort éloignées du langage feutré des chancelleries, font régulièrement la une de la presse internationale. Il s'est fait connaître comme le chantre d'une diplomatie anti-crise tournée vers la conquête des marchés étrangers et des investissements créateurs d'emplois. Ardent défenseur de ce qu'il appelle la « marca España » - la marque Espagne -, José Manuel García-Margallo est partisan d'une étroite imbrication entre diplomatie économique et diplomatie traditionnelle.
M. F.
Michel Faure - Que peut faire un ministre des Affaires étrangères pour redresser l'économie de son pays ?
José Manuel García-Margallo - Le gouvernement espagnol veut retrouver le chemin de la croissance. Notre tâche, aux affaires étrangères, c'est de reconquérir la confiance : celle des institutions internationales, comme le Fonds monétaire international ou l'Union européenne ; et surtout celle des marchés. Si les marchés et l'Europe ont confiance en nous, alors nous sortirons de cette crise. Mais comme tout porte à croire que notre demande intérieure demeurera assez faible au cours des prochaines années, il nous faut trouver de nouveaux débouchés hors de nos frontières. Nous devons aussi attirer vers l'Espagne des investissements étrangers.
M. F. - Comment procéder ?
J. M. G.-M. - En montrant à nos partenaires que l'Espagne n'est pas seulement un lieu agréable pour y passer des vacances, mais aussi un pays qui peut offrir une forte valeur ajoutée aux investissements qu'il reçoit. Nous maîtrisons un grand nombre de secteurs de pointe : les trains à grande vitesse, les métros, les installations portuaires, l'énergie... Nous sommes présents sur les plus grands chantiers internationaux. C'est une entreprise espagnole, par exemple, le groupe TYPSA, qui participe à la construction de la troisième plus puissante centrale hydroélectrique du monde, celle de Belo Monte au Brésil. C'est ce même groupe qui a conçu, au Mexique, la plus grande usine de traitement des eaux jamais mise en service. Une autre entreprise espagnole, INYPSA, a conduit les travaux d'ingénierie pour la plus grande usine de désalinisation d'eau de mer d'Europe, à Valdelentisco, dans la province de Murcie. En Équateur, nous travaillons pour l'un des plus importants programmes d'investissements actuels en matière d'infrastructures, avec le chantier des accès au nouvel aéroport de Quito, qui est supervisé par l'entreprise espagnole AECOM-INOCSA. Le pilotage et le contrôle du plus long tunnel indien, celui de Patnitop, dans le Cachemire, ont été confiés à l'entreprise espagnole Euroestudios. Cette même société apporte son expertise technique à la Banque européenne d'investissements, la BEI, pour le premier projet de train à grande vitesse de Turquie, qui reliera Istanbul à Ankara. Nous avons remporté le contrat pour l'élargissement du canal de Panama - un chantier colossal mené par un consortium que dirige l'entreprise espagnole SACYR. Nous avons aussi été choisis pour réaliser le métro de Riyad - un contrat de 6 milliards de dollars. Je m'arrête là, mais je pourrais continuer.
M. F. - Vous êtes un grand défenseur de ce que vous appelez la « marca España », la « marque Espagne ». Or, malgré les performances de certains grands groupes, l'image de votre pays semble durablement ternie par la crise...
J. M. G.-M. - Vous vous trompez, la perception de l'Espagne a radicalement changé. Il y a un an, tout le monde se demandait si nous n'allions pas devoir abandonner l'euro. Les gens, chez nous, s'imaginaient que leur pays allait suivre la voie du Portugal et de l'Irlande. Aujourd'hui, c'est une question qui ne se pose plus. Je le …
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