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Le Japon va-t-il rebondir ?

Depuis bientôt un quart de siècle, le Japon est en proie à une crise multiforme qui affecte aussi bien son économie que son système politique, sa cohésion sociale et son système de valeurs. Face au grand retour de la puissance chinoise, il hésite entre crispation nationaliste et pessimisme désabusé. Faut-il, pour autant, le compter comme facteur de plus en plus négligeable sur la scène mondiale, ou peut-on parier qu'il saura, comme après sa réouverture forcée au monde en 1853 et sa défaite de 1945, se réinventer pour rebondir ?


Le Japon semble avoir perdu tous les atouts qui avaient permis son rebond après 1945


Une croissance économique très soutenue pendant quatre décennies avait fait du petit archipel excentré la deuxième puissance économique du monde. Mais l'économie languit depuis plus de vingt ans - deux décennies pendant lesquelles son taux de croissance annuel moyen n'a pas dépassé 0,6 %, quand la Chine réalisait 10 %, la Corée 5,3 % et la France elle-même 1,3% (1). De tous les grands pays développés, le Japon est celui dont la part relative dans le PIB mondial a le plus reculé depuis son apogée : entre 1993 et 2010, elle est tombée de 17,6 % à 5,8 %, soit deux tiers de moins (2).
Une démographie vigoureuse avait dopé la croissance en dotant l'Archipel d'une population double de celle de la France sur un territoire qui ne représente que les deux tiers du nôtre. Aujourd'hui, cette population diminue et vieillit massivement. En 2012, il s'est vendu dans l'Archipel plus de couches pour les personnes âgées que pour les bébés... Avec un taux de fécondité autour de 1,3 enfant par femme, le Japon devrait avoir perdu une dizaine de millions d'habitants en 2025. Il n'en compterait alors plus que 118 millions, dont presque un tiers aura plus de 65 ans, alors que les moins de 15 ans ne pèseront qu'à peine 10 %. Les actifs devraient représenter moins de 60 % de la population, et 45 % d'entre eux auront plus de 50 ans (3).
Une réputation d'excellence auréolait aussi bien les entreprises japonaises que la haute administration qui assurait la gouvernance économique. Mais la confiance dont jouissaient ces institutions a été ruinée par leur incapacité à juguler la crise, puis par la catastrophe de Fukushima, qui a mis crûment en lumière la collusion entre les très puissantes compagnies d'électricité et le METI (4), leur tutelle, dont il ne serait pas exagéré de dire que le laxisme - s'agissant de nucléaire - a été « criminel ».
La stabilité politique prévalait sous l'égide du Parti libéral démocrate (PLD), au pouvoir depuis 1955. Depuis 1989, en revanche, le Japon a connu quinze premiers ministres, dix coalitions majoritaires différentes et six années de « Diète distordue » (5) - « quasi paralysée » serait plus exact. Le PLD a fini par perdre le pouvoir en 2009 au profit du Parti démocrate (PDJ), mais l'alternance tant attendue a cruellement déçu. Résultat : le vieux parti gouvernemental est revenu aux …