Les Grands de ce monde s'expriment dans

Que reste-t-il des accords d'Oslo ?

Sur les temps longs du conflit israélo-palestinien, un nouvel épisode semble s'être amorcé durant l'été 2013 ; pour la première fois depuis six ans, un gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne ont entamé des pourparlers au plus haut niveau, sous l'égide du secrétaire d'État américain John Kerry. Cette relance du processus de paix intervient précisément deux décennies après celui qui reste considéré, à ce jour, comme le plus important.
Durant l'hiver 1992-1993, dans un petit village norvégien situé non loin d'Oslo, quelques diplomates et chercheurs se rencontrent dans le plus grand secret. Ils n'ont aucun mandat pour négocier la paix, et à la tête de leurs directions politiques respectives - gouvernement israélien, d'une part, Organisation de libération de la Palestine (OLP), d'autre part - seuls les plus hauts dirigeants sont au courant. L'événement n'est pas sans précédent : dès les années 1980, à Paris et dans plusieurs capitales européennes, des rencontres du même genre s'étaient déjà tenues. Mais cette fois, ces préliminaires visent à enclencher un vrai processus de négociations directes entre Israël et l'OLP afin d'aboutir à la paix.
Une vraie volonté politique fondée sur des intérêts réciproques bien compris permettra, quelques mois plus tard, d'organiser une cérémonie en grande pompe sur les pelouses de la Maison-Blanche. Il est vrai qu'une rare conjonction de contextes géopolitiques favorables aura joué un rôle primordial.


Une conjonction de contextes favorables


Contexte international
En 1993, les États-Unis ont entamé leur décennie « hyperpuissante ». Hormis un trou d'air de quelques mois, l'État américain ne connaît pas de crise économique majeure - du type de celle qui, vingt ans plus tard, le contraindrait à de sérieuses coupes dans les budgets défense, aide extérieure et diplomatie. La Chine réalise encore une croissance à un chiffre ; les grands concurrents économiques sont les alliés nippons et européens. Sur le plan géopolitique, aussi, Washington en impose. L'ancien adversaire surpuissant, l'Union soviétique, vient de s'effondrer définitivement : la Russie, qui en est la principale héritière, frise le chaos généralisé. Les anciennes républiques baltes, caucasiennes et islamo-asiatiques ont pris leur indépendance, se jetant parfois directement dans les bras de l'Otan (pays baltes). À l'extérieur, les derniers alliés de Moscou se comptent sur les doigts d'une main ; au Proche-Orient, seule la Syrie de Hafez el-Assad (père de Bachar) lui demeure fidèle, sans doute faute d'alternative. Quant à la Chine, elle est bien trop faible et éloignée du théâtre moyen-oriental pour prétendre imposer ses vues au Conseil de sécurité. Les BRICS, ces grands émergents (réels ou supposés), n'apparaîtront en tant que tels que dix années plus tard. Enfin, la libération du Koweït des griffes de l'Irak, en 1991, a conféré aux États-Unis un regain de prestige diplomatique et militaire auprès d'une partie essentielle de la Ligue arabe. Cette détermination de George Bush senior dans l'affaire koweïtienne lui avait permis, en octobre 1991, de faire pression sur le premier ministre israélien Itshak Shamir pour qu'il se rende à la conférence pour la paix de Madrid. On ajoutera qu'en 1993, si les Twin …