Entrée de la société d'État chinoise Dongfeng au capital de PSA ; rachat du premier assureur portugais par le groupe Fosun ; acquisition de Motorola et des serveurs bas de gamme d'IBM par Lenovo : l'année 2014 démarre en fanfare pour les investisseurs chinois. On connaissait leur appétit pour les ressources naturelles ainsi que le rôle central joué par la Chine, premier créancier des États-Unis, dans la réallocation de l'épargne au plan mondial. On découvre aujourd'hui l'ampleur de l'internationalisation des sociétés chinoises.
La Chine, dont les réserves de change sont désormais supérieures au PIB annuel de l'Allemagne, n'exporte plus seulement des biens manufacturés mais, aussi, des capitaux. La moitié de ces réserves suffirait à rembourser la dette de la Grèce, du Portugal, de l'Irlande et de l'Espagne réunis ou encore de s'offrir à la fois Google, Apple, Microsoft, IBM et tous les immeubles de Manhattan (1). Première puissance industrielle et premier exportateur de la planète, la Chine va-t-elle ajouter un nouveau titre à son palmarès et s'imposer progressivement comme puissance financière mondiale ? L'envolée de ses investissements à l'étranger pourrait le laisser penser, tant cette expansion financière a été foudroyante. Mais compte tenu de l'état de son système financier et du rôle très modeste de sa devise au plan international, le chemin sera encore long pour qu'elle puisse prétendre à ce statut.
L'épargne, source de l'ascension financière de la Chine
L'expansion financière de la Chine trouve sa source dans les capacités d'épargne exceptionnelles du pays, qui représentent 30 % du total mondial. « Un pays riche, un peuple pauvre », tel est le paradoxe de la Chine d'aujourd'hui : alors que le revenu annuel moyen par habitant n'atteint pas 7 000 dollars, le géant chinois finance les déficits américain ou européens, possède un patrimoine net à l'étranger équivalent au PIB du Canada et investit des milliards de dollars dans le rachat de sociétés ou l'acquisition de ressources aux quatre coins de la planète. En moyenne, les ménages chinois épargnent 27 % de leur revenu disponible, soit deux à trois fois plus que dans le reste du monde. Grâce à l'amélioration des salaires, ce taux n'a cessé d'augmenter au fil du temps, mais la consommation est restée à la traîne. Il est vrai que le ménage chinois n'a guère le choix. Il doit se constituer une importante épargne de précaution - et donc limiter sa consommation - pour faire face à deux problèmes majeurs : une couverture sociale défaillante et des prix de l'immobilier astronomiques. Quant aux entreprises, en général très rentables, elles incorporent aux réserves la quasi-totalité de leurs profits, amassant ainsi une force de frappe financière considérable. L'État, pour sa part, a abandonné durant les années 1980 le système maoïste du « bol de riz en fer » - qui assurait emploi à vie, soins médicaux et retraite - et aucune couverture sociale universelle ne l'a encore remplacé. Au final, les entreprises et l'État-Parti apparaissent comme les grands gagnants de l'exceptionnelle croissance chinoise : leurs réserves d'épargne se sont …
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