Les Grands de ce monde s'expriment dans

Fonds de pension et gestion durable


Hugh Wheelan - Quelles sont les activités de PGGM (1), et qui sont ses clients ?
Jaap van Dam - PGGM gère environ 178 milliards d'euros d'actifs pour le compte de caisses de retraite. Les services que nous proposons vont de la gestion des pensions à la gestion d'actifs, en passant par le conseil opérationnel aux fonds de pension et aux entreprises affiliées, ainsi qu'à leurs employés. Par ailleurs, nous développons des services additionnels dans le domaine des retraites et de la santé. Nous sommes au service des entreprises, notamment celles du secteur sanitaire et social. Notre plus gros client est PFZW (2), la caisse de retraite obligatoire des employés du secteur de la santé aux Pays-Bas, ce qui représente plus de 2,4 millions de personnes, en majorité des femmes.
H. W. - En quoi consiste le projet White Sheet of Paper (Page blanche), et où trouve-t-il son origine ?
J. v. D. - Le projet White Sheet of Paper est l'aboutissement de dix-huit mois de réflexion autour d'une question fondamentale : « Comment procéderions-nous si nous devions imaginer nos processus d'investissement en reprenant tout depuis le départ ? » D'où le nom du projet, puisqu'il s'agissait bien de démarrer d'une page blanche ! Le résultat de ces travaux est un ensemble de principes d'investissement.
PFZW et PGGM formaient une organisation unique jusqu'à ce qu'elles se séparent en 2008 pour diverses raisons, notamment réglementaires. PFZW dispose d'une structure très légère, constituée d'un conseil d'administration et de plusieurs comités, dont le comité d'investissement. Le conseil d'administration peut s'appuyer sur une équipe d'une vingtaine de personnes. À l'inverse, PGGM emploie plus de 1 000 salariés, parmi lesquels environ 400 se consacrent à la stratégie d'investissement ou à la gestion d'actifs.
Pendant l'élaboration du projet, les administrateurs de PFZW, qui étaient parties prenantes, ont écouté les témoignages d'une trentaine d'experts du secteur, originaires du monde entier. Chez PGGM comme chez PFZW, nous nous sommes rendu compte que, depuis la scission, nous courions le risque de voir nos objectifs diverger. Jusqu'en 2008, nous ne formions qu'une seule entreprise, avec une très grande proximité sur le lieu de travail et une hiérarchie très aplatie. Désormais, les deux entités se sont développées très différemment dans leurs rôles respectifs, et les chaînes de décision se sont considérablement allongées. D'une certaine manière, nous avons connu nos propres problèmes de principal-agent (3) : il nous fallait mettre en adéquation nos motivations respectives et parler le même langage à tous les étages.
H. W. - Autour de quels grands thèmes ce projet est-il articulé ?
J. v. D. - La crise financière et ses conséquences ont conduit la direction de PFZW à réfléchir à quelques questions fondamentales :
1) L'hypothèse d'efficience des marchés financiers (4) est-elle pertinente en ce qui nous concerne ?
2) Les projections montrent que les capitaux dont nous disposons pour investir s'amenuisent, de même que la rémunération que nous pouvons en tirer. Comment relever ce défi ?
3) L'autorisation tacite qui nous est accordée de gérer …