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Gaza : sortir du cycle de la guerre

Durant 29 jours de l'été 2014, l'opération israélienne « Bordure protectrice » a ravagé la bande de Gaza. Lorsque les armes se taisent, le 5 août, les pertes israéliennes s'élèvent à 64 militaires tués pour 2 civils (et un travailleur thaïlandais). 3 360 roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza sur le territoire israélien, mais près d'un missile sur cinq a été intercepté par le système « Dôme de fer » (1). L'extrême imprécision de ces roquettes artisanales a par ailleurs drastiquement limité leur impact destructeur.
Les tirs de roquettes n'ont néanmoins jamais cessé au plus fort de l'offensive israélienne. La presse estime que le Hamas a tiré un tiers de son arsenal et qu'un autre tiers a été détruit au cours de l'opération israélienne, ce qui laisserait encore quelque 3 000 roquettes entre les mains du mouvement islamiste (2). Certes, Tsahal (3) peut se vanter d'avoir détruit 32 tunnels qui auraient facilité des infiltrations sur son territoire. Mais l'opinion israélienne ne s'y trompe pas, qui estime à 51 % que cette guerre n'a ni vainqueur ni vaincu (36 % des sondés pensent qu'Israël sort gagnant, 6 % attribuent la victoire au Hamas) (4).
Ce qui est sûr, en revanche, c'est que les habitants palestiniens de Gaza sortent brisés de ce conflit dont la violence a dépassé en horreur toutes les confrontations précédentes. Au moins 1 922 personnes ont été tuées (soit 0,1 % de la population). Sur les 1 407 civils tués, 448 sont des enfants et 235 des femmes (218 tués sont des combattants identifiés comme tels, et une incertitude plane sur le statut de 297 autres morts) (5). Le ratio des pertes civiles entre Israéliens et Palestiniens, qui était de l'ordre de 1 pour 100 lors de l'opération « Plomb durci » (décembre 2008-janvier 2009) (6), est passé à 1 pour 1 000.
Plus d'un demi-million des 1,8 million de femmes et d'hommes de Gaza ont dû fuir leur logement sous les bombardements. Quand ils reviennent sur place, ils ne trouvent souvent que ruines et désolation, en particulier dans les zones frontalières d'Israël (Beit Hanoun, Beit Lahya, Shujahiya), littéralement pulvérisées par Tsahal. Plus de dix mille maisons sont démolies, 140 écoles et 24 hôpitaux ont été gravement endommagés (7). Le montant des destructions est estimé entre 4 et 6 milliards de dollars (8).


L'espoir brisé de 2013


Pourtant, un an plus tôt, lors de mon dernier séjour dans la bande de Gaza, la population du territoire croyait pouvoir conjurer la fatalité de la guerre sans fin. Elle se passionnait, en juin 2013, pour les péripéties médiatiques d'un chanteur palestinien de 24 ans, Mohammed Assaf, grandi dans le camp de Khan Younes, à mi-chemin entre Gaza et la frontière égyptienne. Le jeune réfugié participait au concours de télé-crochet « Arab Idol ». Il avait été sélectionné au Caire, avant de se produire à Beyrouth dans la compétition finale qui réunissait les concurrents les plus doués des différents pays arabes.
C'était une vague irrésistible de soutien populaire …