Le poids des investisseurs institutionnels dans l'économie européenne est proportionnel à la taille de leurs encours : colossal. Les fonds de pension, les assureurs, les banques ou les mutuelles à la française, mais aussi les fondations ou les Églises ne constituent pas un groupe homogène partageant les mêmes valeurs et les mêmes stratégies d'investissement. Pourtant, un mouvement se dessine depuis dix ans autour de l'investissement responsable. Il rassemble les acteurs financiers qui ont pris conscience de la nécessité d'intégrer à leurs choix d'investissement des dimensions comme le changement climatique ou le respect des droits de l'homme. Si l'on reconnaît les investisseurs responsables au fait qu'ils adhèrent aux Principes pour l'investissement responsable (PRI) des Nations unies, ils empruntent souvent des itinéraires différents, en fonction de leur culture, de leurs priorités et du contexte auquel ils sont confrontés.
Les débuts de l'ISR
L'histoire de l'investissement responsable moderne est née dans les années 1990 lorsque des investisseurs institutionnels ont pris conscience que leurs placements financiers pouvaient être en contradiction avec les valeurs qu'ils affichaient. Les moteurs de cette prise de conscience ainsi que la catégorie d'acteurs financiers engagés diffèrent selon les régions européennes. On peut, schématiquement, les classer de la façon suivante.
En Europe du Nord, l'accent a été mis sur une approche éthique excluant les entreprises controversées et les secteurs considérés comme problématiques, à l'image du nucléaire ou de l'armement. Au Royaume-Uni, les investisseurs ont surtout mis en oeuvre des politiques d'engagement actionnarial consistant à dialoguer avec les entreprises afin qu'elles améliorent leur management sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). En Allemagne, la dimension environnementale a été privilégiée, tandis qu'en France a prospéré une approche généraliste dite « best in class » visant à sélectionner les entreprises les mieux notées sur la base d'une large batterie de critères ESG. Partout, le mouvement est animé par quelques investisseurs institutionnels pionniers qui entraînent leurs pairs pour impulser des changements de paradigme.
Depuis 2008, Novethic interroge une fois par an plus d'une centaine d'investisseurs institutionnels européens sur l'intégration des critères ESG dans leurs métiers. D'année en année, ces enquêtes montrent une meilleure compréhension de l'intérêt que cette approche présente en termes de prévention des risques de long terme et une connaissance plus approfondie des mécanismes qu'elle met en oeuvre.
On distingue trois grandes techniques d'investissement responsable : la sélection des entreprises les plus vertueuses sur des critères ESG tous secteurs confondus ; l'exclusion des secteurs ou des entreprises les plus problématiques ; et l'engagement actionnarial, qui consiste à faire pression sur le management des entreprises pour qu'elles améliorent leurs pratiques. Depuis deux ou trois ans, on voit apparaître en Europe un groupe d'investisseurs engagés qui combinent ces diverses techniques afin d'obtenir des résultats plus tangibles sur les entreprises.
Les pratiques d'intégration des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) des investisseurs institutionnels européens (enquête réalisée auprès de 165 investisseurs dans 12 pays)
< Image : Traore-graph-1.eps >
Source : Stratégie ESG des institutionnels européens. De la théorie à la pratique. Enquête 2013. …
Ce site est en accès libre. Pour lire la suite, il vous suffit de vous inscrire.
J'ai déjà un compte
M'inscrire
Celui-ci sera votre espace privilégié où vous pourrez consulter à tout moment :
- Historiques de commandes
- Liens vers les revues, articles ou entretiens achetés
- Informations personnelles