Les Grands de ce monde s'expriment dans

Matteo Renzi, l'homme qui veut changer l'Italie


« Donnez-moi mille jours, et je changerai le pays », lançait Matteo Renzi au printemps dernier, trois mois après son irruption fracassante sur la scène nationale. L'homme pressé a dû tempérer son impatience, se soumettre aux exaspérantes lenteurs parlementaires et s'affirmer dans les sphères européennes. Mais les revers essuyés au début de l'été, avec le retour de la récession au deuxième trimestre et des prévisions économiques guère enthousiasmantes, n'ont pas entamé ses ardeurs réformatrices. Ce Florentin charismatique qui gouverne l'Italie depuis le 28 février 2014 n'a jusqu'à présent commis aucune faute et a remporté deux batailles majeures : il a gagné les élections européennes où son parti a raflé 40,8 % ; et il a brillamment réussi son examen de passage devant le Parlement européen.


Un démarrage fulgurant


Qu'a donc fait Matteo Renzi pour susciter un tel intérêt en Europe, engranger pareils succès et ranger derrière lui une large part de sa propre opinion publique ? Début juillet, il était crédité d'un taux de confiance de 74 %, supérieur à celui de Mario Monti quand ce dernier avait sauvé l'Italie de la faillite financière en 2012. Pour un pays qui peine à sortir de la pire crise de son histoire, avec un taux de chômage dramatique chez les jeunes, des faillites en série, une économie atone et des scandales à répétition, Matteo Renzi représente l'espoir d'un changement réel.
Cette espérance s'est traduite dans les urnes le 25 mai dernier, lorsque sa formation, le Parti démocrate, a recueilli 11,2 millions de suffrages, soit 40,8 % de l'électorat. Un score historique : il faut remonter au succès remporté en... 1957 par la Démocratie chrétienne pour retrouver pareille performance !
Les électeurs italiens ont, en fait, plébiscité le seul de leurs leaders politiques qui ait eu l'audace de faire campagne en faveur de l'Europe : « Ne rendez pas Bruxelles responsable de tous nos maux. Si nous manquons de croissance et de compétitivité, si le chômage des jeunes est si élevé chez nous, c'est parce que nous n'avons pas eu le courage de faire les réformes qui s'imposent », n'a-t-il cessé de répéter avec panache tout au long de sa campagne. Ce « moment de vérité » qu'a été pour l'Italie l'élection européenne - comme l'avait qualifiée le vieux président de la République Giorgio Napolitano (89 ans) en février devant le Parlement européen - a tourné à l'avantage du jeune président du Conseil. Les commentateurs pariaient sur une vague europhobe sans précédent. Matteo Renzi a infligé une lourde défaite aux eurosceptiques, à commencer par Beppe Grillo dont le « Mouvement cinq Étoiles » (M5S) n'a attiré que 5,8 millions d'électeurs, soit 3 millions de moins qu'aux législatives de février 2013, avec un score tombé de 25,6 à 21,1 %. Un camouflet. Le Parti démocrate est redevenu le premier parti d'Italie et s'est affirmé comme la première force réformatrice d'Europe et la deuxième à l'Assemblée de Strasbourg derrière la CDU d'Angela Merkel. Cette victoire, Matteo Renzi ne l'a pas seulement construite aux dépens du …