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OCDE : des principes directeurs pour quoi faire ?


Mathieu Bouquet - L'OCDE est à l'origine des Principes directeurs pour les entreprises multinationales. En quoi consistent ces principes et quelle est leur portée ?
Cristina Tebar Less - Les Principes directeurs sont l'instrument de l'OCDE en matière de conduite responsable des entreprises : ils constituent le socle de référence des travaux menés sur ces questions au sein de l'Organisation et dans les pays membres. Ils ne traitent pas uniquement d'investissement, dans la mesure où ils dépassent le seul sujet de la destination des fonds placés par des investisseurs. Ces recommandations s'inscrivent dans une perspective plus générale, qui consiste à donner aux entreprises des recommandations et des outils pour qu'elles adoptent un comportement responsable.
Les Principes directeurs sont un ensemble de recommandations adressées aux entreprises, qui couvrent 11 chapitres, abordant chacun un thème précis : la transparence, les relations sociales, l'environnement, la corruption ou encore les droits de l'homme. Les lignes directrices qu'ils tracent concernent en premier lieu les multinationales des pays membres de l'OCDE - et des pays non membres mais qui adhèrent aux Principes - ou qui opèrent à partir de ces pays. Mais les Principes directeurs ont vocation à s'appliquer à toutes les entreprises, qu'elles soient petites ou grandes. L'idée est que les gouvernements des pays membres, qui sont à l'origine de cette initiative, incitent les entreprises multinationales de toutes tailles à adopter ces standards ambitieux.
M. B. - Les États sont donc associés à l'élaboration des Principes directeurs ?
C. T. L. - Tout à fait, puisque les Principes font partie des instruments que l'OCDE élabore à l'intention de ses États membres et à leur demande. Ils s'inscrivent notamment dans le cadre de la Déclaration de l'OCDE sur l'investissement international et les entreprises multinationales de 1976. Leur première version remonte à cette même année, mais ils ont connu plusieurs mises à jour, les plus notables étant également les plus récentes, en 2000 et 2011.
Une fois les Principes adoptés, à charge pour les gouvernements de faire la promotion de ces recommandations auprès des entreprises de leurs pays, pour les opérations qu'elles mènent sur leur propre territoire ou à l'étranger. En plus des 34 pays membres de l'OCDE, 12 autres nations - parmi lesquelles le Brésil, la Colombie, le Maroc ou encore la Roumanie - adhèrent aux Principes directeurs et s'engagent, elles aussi, à faire valoir ces lignes de conduite auprès de leurs propres entreprises multinationales.
Ces caractéristiques font des Principes directeurs un outil unique au monde : c'est le seul ensemble de recommandations de responsabilité à destination des entreprises qui soit validé par les gouvernements. Les entreprises, elles, n'y adhèrent pas dans le sens où elles signeraient une charte de bonne conduite. En revanche, elles peuvent tout à fait affirmer qu'elles suivent ces Principes. Elles sont par ailleurs impliquées dans l'élaboration des Principes et des différents outils qui en sont issus.
M. B. - Comment les entreprises participent-elles à l'élaboration des Principes ?
C. T. L. - La rédaction des Principes est le résultat d'un dialogue …