Au milieu des années 1970, à l'occasion d'une émission de radio, un journaliste israélien recevant le général Mordechai, chef d'état-major de l'armée israélienne, lui posa la question suivante : « Si vous deviez débarquer sur une île déserte, de quoi ne pourriez-vous pas vous passer ? » Réponse spontanée de Mordechai : « D'un officier de renseignement ! » Et d'expliquer qu'en tant que commandant en chef il était incapable de conduire ses forces à la bataille s'il ne disposait pas de renseignements adéquats. Plus de quarante ans plus tard, les choses n'ont pas changé, bien au contraire.
La situation d'Israël est, en effet, pour le moins particulière. Petit État - sa superficie équivaut à deux départements français - adossé à la mer Méditerranée, peuplé seulement de 8 millions d'habitants, il ne dispose d'aucune profondeur stratégique en cas d'invasion. Or il est isolé au milieu de 300 millions de voisins majoritairement hostiles, qui se sont opposés à sa création et dont certains continuent de contester son existence.
Ses dirigeants savent pertinemment qu'il pourrait être rayé de la carte à l'occasion d'une invasion militaire. En effet, de l'issue de la bataille ne dépend pas seulement l'intégrité territoriale mais la survie même d'Israël. La seule façon pour l'État hébreu d'éviter un sort que lui ont longtemps promis ses ennemis, c'est de savoir le plus tôt possible ce qu'ils préparent, voire de réduire à néant le développement de leurs forces armées afin que la menace ne prenne jamais forme.
C'est pourquoi Israël a mis l'accent, plus que n'importe quel autre pays au monde, sur le renseignement et les opérations clandestines, sans lesquels sa sécurité est impossible à assurer. Les services secrets se trouvent au coeur de la stratégie de sécurité de l'État hébreu depuis ses origines et aucun des gouvernements qui se sont succédé n'a remis en cause cette place centrale.
L'évolution des menaces
Les différentes guerres israélo-arabes ont démontré la supériorité écrasante de l'armée israélienne sur celles de ses voisins. Aucune ne prétend plus, depuis plusieurs années, rivaliser avec elle. Surtout, Tel-Aviv dispose de l'arme nucléaire, bien qu'elle ne l'ait jamais reconnu officiellement. Cette supériorité conventionnelle et nucléaire de l'État hébreu limite les risques d'un affrontement militaire classique, sans les faire disparaître complètement.
Mais cela ne veut évidemment pas dire qu'Israël ne risque rien, bien au contraire. Si l'époque où il devait livrer des guerres conventionnelles contre ses voisins semble révolue, l'État hébreu est désormais confronté à des menaces asymétriques accrues, sur son propre territoire, sur ses frontières et à l'étranger. Israël doit faire face, aujourd'hui, à cinq menaces.
- La première est représentée par les organisations terroristes palestiniennes (Hamas, Djihad islamique, etc.) dont la grande majorité prônent toujours la destruction de l'État juif.
- La deuxième provient du Hezbollah, mouvement chiite libanais qui bénéficie du soutien de la Syrie et de l'Iran. La guerre de 2006 qui s'est déroulée au Liban démontre que ce mouvement dispose d'une excellente organisation militaire, qu'il est très discipliné, bien équipé, capable d'infliger des pertes significatives …
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