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David Cameron : deux ans pour convaincre


Une fois encore, les sondeurs britanniques se sont lourdement trompés. Contre toute attente, David Cameron a remporté la majorité absolue à la Chambre des communes à l'issue des élections législatives du 7 mai, devenant ainsi l'un des très rares premiers ministres à améliorer son score lors de sa réélection. Mais la lune de miel risque d'être de courte durée.
D'abord, parce que le premier ministre ne dispose que d'une faible marge : les conservateurs ont obtenu 331 députés sur 650, ce qui leur donne douze députés d'avance sur l'ensemble des partis d'opposition. Leur aile droite, composée de près d'une centaine d'élus très anti-européens, sera difficile à maîtriser. Ensuite, David Cameron se retrouve face à deux énormes dossiers potentiellement dévastateurs : l'Europe et l'Écosse. D'ici à la fin 2017 au plus tard, comme il s'y est engagé, un référendum sur l'appartenance à l'Union européenne sera organisé. Dans le même temps, l'Écosse voit déferler une vague indépendantiste sans précédent. Selon le scénario du pire - qui n'est pas le plus probable -, d'ici trois ans, le Royaume-Uni aura quitté l'Union européenne et le pays aura éclaté. Les choix sont historiques et leur issue, très incertaine.


Brexit ? Royaume désuni ? Trois scénarios


Au lendemain des élections du 7 mai, le Royaume-Uni s'est réveillé au milieu d'un paysage politique inhabituel. Les conservateurs règnent largement sur l'Angleterre, avec près d'une centaine de députés de plus que les travaillistes. Mais en Écosse la situation est tout autre. Les indépendantistes du Scottish National Party (SNP) ont remporté 56 sièges sur 59. Un véritable raz-de-marée qui a anéanti les travaillistes, traditionnellement dominants dans cette nation. Désormais, le troisième parti du parlement du Royaume-Uni est hostile à l'existence du Royaume-Uni et souhaite s'en détacher !
Le SNP est pro-européen. Il en fait même l'un de ses principaux arguments en faveur de l'indépendance. Selon lui, en devenant un pays à part entière, l'Écosse parlerait d'une voix plus forte en Europe. De part et d'autre du mur d'Hadrien, l'opinion publique ne voit pas les choses de la même manière : une large majorité des Écossais souhaite rester dans l'UE, alors que les Anglais sont très divisés. Le parti europhobe UKIP (United Kingdom Independence Party) n'a d'ailleurs pas du tout percé en Écosse, alors qu'il a été au centre du jeu politique en Angleterre.
Du coup, les questions écossaises et européennes paraissent indissociables. Le SNP réclame une double majorité pour le référendum sur l'Union européenne : celle de l'ensemble des urnes, mais aussi celle de chacune des quatre nations qui composent le Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, pays de Galles et Irlande du Nord).
Cette configuration ouvre la possibilité de trois scénarios pour les années à venir. Le premier est celui du cataclysme. Si les Britanniques décident de quitter l'UE, le gouvernement écossais se révoltera. Il organisera dans la foulée un référendum pour se séparer du Royaume-Uni. Et, cette fois-ci, la probabilité d'un éclatement du pays sera très forte.
Le deuxième scénario est celui du statu quo : les Britanniques votent pour rester …