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Pétrole : le pari de l'Arabie saoudite


Le prix du pétrole est passé de 110 dollars en juin 2014 à près de 50 dollars en janvier 2015 pour ensuite osciller entre 55 et 65 dollars au premier trimestre 2015. Une baisse sans précédent depuis la chute des cours intervenue en 2008 suite à la faillite de Lehman Brothers. Plusieurs facteurs expliquent ce fléchissement des prix. Le plus important est, sans nul doute, le développement des pétroles de schiste aux États-Unis. Face à cet effondrement des cours, les observateurs du marché pétrolier s'attendaient à un ajustement de l'offre de l'OPEP. Cela avait déjà été le cas en 2001 après l'affaissement de la demande suite aux attentats du 11 septembre ; fin 2006 lorsque la consommation mondiale s'était stabilisée ; ou encore au dernier trimestre 2008, en pleine crise, lorsque les pays de l'OPEP avaient réduit leur production de plus de 3,5 millions de barils par jour pour enrayer la chute des prix. Mais, cette fois-ci, l'OPEP n'est pas intervenue sur le marché et le prix a continué à plonger pour passer sous le seuil symbolique des 50 dollars. Au départ, certains ont attribué ce choix à une entente Washington-Riyad visant à affaiblir les économies russe et iranienne. Mais la réalité semble plus économique que géopolitique.


Quand l'OPEP rêvait du monopole


Créée en 1960, l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) rassemble aujourd'hui douze pays, situés au Moyen-Orient (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Iran, Irak, Koweït et Qatar), en Afrique (Algérie, Libye, Angola et Nigeria) et en Amérique latine (Venezuela et Équateur). Par définition, sa « raison sociale » est de constituer une « organisation des pays exportateurs de pétrole » pour exercer un pouvoir de marché, notamment en jouant sur les quantités de pétrole produites. Actuellement, la production de l'OPEP représente 30 millions de barils par jour (contre 24,4 millions entre 2009 et 2011), soit 30 % de la production mondiale. La capacité de production totale de l'organisation est estimée à 35,45 millions de barils par jour.
L'OPEP dispose de 72,5 % des réserves mondiales de brut, principalement au Moyen-Orient, et c'est précisément au Moyen-Orient que le coût de production est le plus faible (10 dollars le baril). Sur les cinq pays disposant des réserves les plus importantes, quatre font partie de l'OPEP, trois sont situés au Moyen-Orient - l'Arabie saoudite (17,9 %), l'Iran (9,3 %), l'Irak (7,8 %) - et un en Amérique du Sud - le Venezuela (14,4 %). La concentration des ressources dans ces quelques pays est accentuée par la concentration des gisements : 60 % des gisements « super-géants » (avec des réserves supérieures à 700 millions de tonnes) sont localisés au Moyen-Orient et représentent 40 % des réserves prouvées de la planète.
Dans ces conditions, la structure du marché pétrolier peut s'apparenter au modèle du « duopole de Stackelberg », c'est-à-dire à un équilibre dans lequel l'une des deux parties, le leader, détermine son niveau de production en supposant que son concurrent, le follower, va prendre sa décision en fonction de lui. Ainsi, …