Les Grands de ce monde s'expriment dans

Quand l'Iran avance ses pions…


L'Iran au coeur du jeu dans quatre pays arabes


« La revanche de Cyrus le Grand »
Une boutade assez révélatrice circule dans les monarchies arabes du golfe Persique. Elle a pris la forme d'une question : « Mais qui est donc le chef de l'armée irakienne ? » Réponse : « Le général Qassem Soleimani. » Bien sûr, personne n'ignore que cet officier, connu aujourd'hui comme le loup blanc, est iranien et qu'il se trouve à la tête de la Force Al-Qods - la division d'élite du corps des Pasdaran (gardiens de la révolution) chargée des opérations militaires et du renseignement sur les théâtres extérieurs. Mais c'est effectivement son nom qui vient immédiatement à l'esprit - plutôt que celui, largement inconnu, du général irakien Bahaa al-Azzawi - quand on évoque la guerre que les forces irakiennes livrent à l'État islamique pour reconquérir les territoires perdus (environ un tiers du pays) au profit de l'organisation jihadiste. Qui aurait pu imaginer que l'armée irakienne, qui fut longtemps la première du monde arabe et mena un conflit de près de dix ans (1981-1988) contre la république islamique d'Iran, serait un jour dirigée, certes pas au quotidien mais dans sa stratégie, par un officier des Pasdaran ?
Qassem Soleimani, on le voit partout, comme s'il possédait le don d'ubiquité. À Tikrit, considérée comme la ville natale de Saddam Hussein (en réalité, il est né à Al-Awja, un village tout proche), que les milices chiites ont reprise non sans mal en avril aux jihadistes ; à Samarra, l'une des grandes villes saintes irakiennes - deux imams historiques chiites y sont enterrés et le douzième, le Mahdi, y a disparu - que le général iranien a défendue en juin 2014 et sans doute sauvée d'une offensive de l'État islamique ; sur le front d'Alep en Syrie, que les forces loyalistes et leurs alliés iraniens et du Hezbollah ont en revanche échoué, l'hiver dernier, à reprendre à la rébellion ; à Damas, où il vient rencontrer les chefs de l'armée loyaliste ; à Beyrouth, où il discute avec ceux du Hezbollah... Des visites qui ne sont pas toutes tenues secrètes. Au contraire, c'est souvent l'agence iranienne Fars, proche du corps des Pasdaran, qui révèle la présence ici ou là de cet officier qui porte les galons de major-général, soit le plus haut grade de l'armée iranienne. D'où la grande peur des monarchies arabes du golfe Persique à l'égard de ce qu'elles appellent l'« hégémonisme iranien ».
Face à ce phénomène, l'Arabie saoudite, qui n'entend pas se laisser encercler, a décidé de bombarder le Yémen, prenant acte du fait que Téhéran soutient ouvertement les rebelles Houthis, mobilisant derrière elle une large partie du camp sunnite arabe : les États du Conseil de coopération arabe du Golfe (CCAG) (1), à l'exception du sultanat d'Oman, traditionnellement lié à l'Iran, plus l'Égypte, le Soudan, la Jordanie et le Maroc - quatre pays que Riyad soutient financièrement et dont la participation est plus ou moins symbolique (2).
Le chef druze libanais …