« So glad to meet you... Que puis-je faire pour vous ? » (le président américain Franklin Delano Roosevelt). « Mais c'est vous qui avez demandé à me voir. Je suppose que c'est vous qui avez quelque chose à me demander ! » (roi Ibn Saoud).
Premier contact entre les deux chefs d'État lors de la rencontre sur l'USS Quincy, le 14 février 1945 (1).
« L'ambiguïté cachait le sens des événements », Dean Gooderahm Acheson, secrétaire d'État du président Harry Truman (1949-1953) (2).
Fin mars 2015, l'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition essentiellement arabo-sunnite, lançait l'opération militaire dite « Tempête décisive ». Objectif : restaurer la légitimité institutionnelle incarnée par le président Abd Rabbo Mansour Hadi au Yémen, pays voisin qui venait de passer sous le contrôle de la milice chiite « houthie », régulièrement accusée d'être soutenue par l'Iran. Rapidement, les États-Unis ont fait part de leur soutien à cette intervention inédite. Ce soutien s'est manifesté d'emblée par un partage de renseignements et même un appui logistique aux frappes contre les « Houthis ». Le 9 avril 2015, le secrétaire d'État américain John Kerry précisait que les États-Unis n'avaient « pas l'intention de renoncer à leurs alliances et à leurs amitiés ».
À première vue, on venait d'assister à la réaffirmation de l'alliance américano-saoudienne qui constitue la grille de lecture géopolitique de cette région sensible depuis près de sept décennies. Mais ce lien est-il aussi solide qu'il y paraît ?
Alors qu'un nouveau roi, Salman bin Abdulaziz Ibn Saoud, vient d'accéder au trône à Riyad, le 23 janvier 2015, le royaume saoudien vit l'une des périodes les plus incertaines de sa jeune histoire (il ne date que de 1932) : il est menacé sur les longues frontières de son flanc oriental par l'organisation islamo-terroriste Daech, et sur son flanc méridional par les Houthis. Une situation qui pose inévitablement la question de sa pérennité, garantie en dernier ressort depuis pas moins de sept décennies par les États-Unis.
Le 27 janvier dernier, le président américain Barack Obama n'a pas dérogé au rituel imposé de la présentation des condoléances au nouveau souverain après la mort de feu le roi Abdallah. Il s'est rendu à Riyad à la tête d'une délégation américaine comprenant pas moins de 29 membres, dont l'actuel secrétaire d'État John Kerry, le directeur de la CIA John Brennan, le général Lloyd Austin, commandant des troupes américaines déployées dans la région du « Grand Moyen-Orient », ainsi que plusieurs responsables ayant servi sous les administrations précédentes, comme les anciens secrétaires d'État Condoleezza Rice et James Baker. « Il faut montrer aux Saoudiens l'importance qu'ils ont pour les États-Unis », a signifié ce dernier, qui dirigea la diplomatie américaine durant la première guerre du Golfe. Mais il s'agissait également de raffermir des liens bilatéraux de plus en plus distendus ces dernières années du fait des divergences importantes apparues sur plusieurs dossiers sensibles comme la crise syrienne, la lutte contre le terrorisme, voire les négociations sur le nucléaire iranien (3).
Qu'en …
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