Depuis l'après-guerre, partis démocrate et républicain s'affrontent régulièrement sur le thème des inégalités socio-économiques et politiques, de la violence raciste, des discriminations légales ou illégales subies par les minorités. Les droits civiques, la fin de la ségrégation ou encore l'affirmative action dans les universités et les emplois publics ont joué un rôle central dans le jeu politique américain. Aujourd'hui encore, après des décennies de luttes, le principe d'égalité continue d'être battu en brèche. Les hommes afro-américains issus des classes populaires, par exemple, ont 60 % de « chances » de connaître la prison au moins une fois dans leur vie - on parle à leur sujet d'« hyper-incarcération » - et les « bavures » policières à leur encontre demeurent majoritairement impunies. Depuis l'été 2014, les images de jeunes Noirs non armés, tombés sous les balles de policiers blancs, et des manifestations qui ont suivi ont fait le tour du monde. Le cas, plus récent, de Sandra Bland a également fait la « une » de l'actualité : cette universitaire noire de 28 ans, arrêtée de manière brutale au Texas après une infraction mineure au code de la route, est décédée en prison quelques jours plus tard dans des circonstances troubles. Quant à la tuerie de Charleston, perpétrée par le jeune Dylann Roof en juin 2015, elle a ravivé le vieux démon du suprémacisme blanc que beaucoup croyaient disparu.
Ces faits divers traduisent-ils une résurgence du racisme institutionnel ? La remise en cause par la Cour suprême, en 2013, du Voting Rights Act (1) qui, depuis 1965, garantissait l'accès aux urnes des électeurs afro-américains dans les États du Sud et du Midwest le laisse craindre. Depuis deux ans, en effet, les États fédérés ont la possibilité de modifier, sans le contrôle de Washington, les règles électorales dans leurs circonscriptions : obligation de présenter certains papiers d'identité, limitation du vote anticipé... Autant de mesures qui pénalisent (2), souvent délibérément, les minorités ethniques et « raciales » et qui n'ont pas été sans conséquences lors des dernières élections de mi-mandat (« midterms ») en novembre 2014.
La déception Obama
L'élection de Barack Obama, en 2008, devait marquer l'entrée des États-Unis dans une ère « post-raciale », autrement dit dans une époque où les inégalités et les discriminations liées à l'origine seraient en voie de disparition. Cette promesse n'a pas été tenue. Certaines politiques d'Obama ont ciblé les minorités et notamment les ménages afro-américains démunis - réforme de la santé, multiplication des bourses d'enseignement supérieur, développement de la scolarisation précoce, etc. -, mais leurs effets sont restés limités. Les attentes, très fortes - trop peut-être -, vis-à-vis d'un homme qui ne voulait pas apparaître comme « le président des Noirs » ont été déçues. Face aux revendications, il a cependant multiplié, ces derniers mois, les gestes, les discours et les promesses en faveur de la jeunesse afro-américaine, sans parler de son projet de réforme de la législation sur l'immigration : fin 2014, il a décidé, par décret, d'autoriser un peu plus de quatre …
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