Question à cent dollars : où peut-on trouver, réunis pour croiser leurs idées et leurs convictions, deux ministres des Finances et deux ex-Premiers ministres européens ; le premier vice-Président de la Commission de Bruxelles ; le Gouverneur de la Banque de France ; une figure emblématique du FMI ; un récent patron de la CIA ; un Secrétaire général adjoint de l'ONU ; et un chef d'État en exercice ? Sans oublier une kyrielle d'experts réputés et un économiste dont le dernier ouvrage est devenu un best-seller mondial...
Réponse : dans ce Numéro d'automne de Politique Internationale.
Nos lecteurs apprécieront, je pense, que de telles personnalités se retrouvent dans nos pages pour décrypter les grands sujets du moment.
Trois thèmes ont plus spécialement retenu l'attention de notre Rédaction ce trimestre.
Primo : l'Espagne. Les prochaines élections législatives seront-elles celles de la défaite du Parti Populaire et de la victoire des socialistes ? Mariano Rajoy, victime des programmes d'austérité, devra-t-il céder la place à Pedro Sanchez qui, affirment ses adeptes, incarne une sorte de renouveau de la social-démocratie ? Pour en savoir plus, nous avons donné la parole à ce jeune économiste keynésien.
Mais nous avons aussi, par souci d'équilibre, interrogé José Maria Aznar qui, au centre-droit de l'échiquier politique espagnol, fut un remarquable chef de gouvernement pendant huit années (1996-2004) et reste un observateur unanimement respecté de son propre pays, de l'Europe et du monde.
J'ai demandé, jadis, à M. Aznar s'il aimerait revenir au pouvoir. « J'espère - répliqua-t-il du tac au tac - que la situation de l'Espagne ne sera jamais assez dramatique pour que j'aie à envisager ce retour ! »
Wait and see...
Secundo : les migrants et le défi adressé à l'Europe. En toile de fond de cette tragédie humaine, deux questions appellent l'attention :
- Jusqu'où la nécessaire solidarité européenne doit-elle et peut-elle aller en matière d'accueil ?
- Comment agir sur les causes de cette crise migratoire ?
Frans Timmermans, Wolfgang Schäuble et Philippe Douste-Blazy apportent ici, sous des angles divers, des éléments de réponse.
Tertio : les turbulences du monde arabe à l'heure de Daech. Entre autres stimulantes contributions, on lira avec intérêt l'entretien que nous a accordé le Président de l'État hébreu, Reuven Rivlin. Un homme qui porte un regard serein sur les relations israélo-palestiniennes et qui s'obstine à penser que Juifs et Arabes ne sont pas condamnés mais plutôt destinés à vivre ensemble. Envers et contre tout.
La paix, dit-on, ne s'offre qu'à ceux qui l'ont rêvée...
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Mais là ne s'arrête pas notre curiosité. Nous avons voulu explorer d'autres pistes. Qu'il s'agisse des débats économiques et financiers les plus brûlants (que sondent et éclairent brillamment pour nous Michel Camdessus, Christian Noyer et Thomas Piketty), des primaires aux États-Unis, du jeu de Poutine en Ukraine, de la fin du règne interlope de Mme Kirchner en Argentine ou de la tentation autoritaire de Viktor Orban en Hongrie, nous avons souhaité, une fois de plus, de ne pas être en retrait de l'actualité.
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Last but not least : cette livraison automnale comporte également un substantiel « Dossier spécial » truffé de signatures prestigieuses et consacré à « Énergie et climat ».
Avec la COP21, qui doit avoir lieu à Paris début décembre, la France s'apprête à accueillir l'un des plus spectaculaires événements diplomatiques de son histoire récente.
Dans la lutte contre le réchauffement climatique, les États portent à l'évidence une responsabilité primordiale : ils donnent l'impulsion, fixent les règles et les font respecter. Mais le climat n'est pas un enjeu comme les autres puisqu'il touche à tous les aspects de nos économies et de nos sociétés. Parmi les acteurs qui participent à la COP21, il en est un qui monte en première ligne, là où on ne l'attendait pas : l'industrie de l'énergie. Les énergéticiens, en effet, se mobilisent pour relever le défi du climat. Qu'il s'agisse de l'accès à l'énergie, de l'efficacité énergétique, des énergies renouvelables ou de la recherche d'énergies moins émettrices, ils ont, les uns et les autres, des réponses concrètes à proposer. Ce « Dossier spécial » leur donne la parole.
Voilà. Tout est dit. Les circonstances, il est vrai, n'incitent pas franchement à l'optimisme. Mais comme l'écrivait Bernanos et comme nous aimons à le répéter : « L'espérance est un risque à courir. »
À toutes et à tous : bonne lecture.
Brigitte Adès et Patrick Wajsman