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Donbass : le Kremlin à la manoeuvre

Donbass : le kremlin à la manoeuvre

À en croire les autorités de Moscou, le conflit déclenché au printemps 2014 dans le Donbass serait une rébellion populaire spontanée contre le régime illégitime de Kiev. Une rébellion où ces mêmes autorités n'auraient joué aucun rôle. Pourtant, quantité d'indices montrent que le mouvement a été, très tôt, piloté en sous-main par le FSB et le GRU (respectivement le service fédéral de sécurité, successeur du KGB, et le service russe de renseignements militaires). Plus que cela : les observateurs ayant gardé en mémoire le déroulement des conflits séparatistes survenus au début des années 1990 dans diverses ex-républiques de l'URSS ont pu avoir, en suivant l'évolution de la situation du Donbass, un sentiment de déjà-vu... En réalité, ce à quoi l'on assiste dans l'est de l'Ukraine n'est que la répétition d'un scénario que les services secrets soviétiques ont mis au point dès les débuts du bolchevisme et ont appliqué depuis à plusieurs reprises dans les pays limitrophes.
Une recette bien connue
Pour qui fréquente le Caucase ou la Moldavie, l'irruption de la guerre dans le Donbass au printemps 2014 n'a pas vraiment été une surprise. En effet, depuis le début du mouvement « du Maïdan », en novembre 2013, les dirigeants moscovites criaient sur tous les toits que les « Russes » résidant dans l'est de l'Ukraine se trouvaient « en grand danger », chacun comprenant que l'on était là dans la manipulation de l'information. Cette rhétorique laissait présager l'éclatement d'un nouveau conflit séparatiste soutenu par la Russie dans une ancienne république soviétique. Comme en Abkhazie, en Ossétie du Sud (Géorgie) ou en Transnistrie (Moldavie) au début des années 1990.
Il est vrai que, dans le bassin minier de l'est ukrainien, la population, majoritairement russophone et composée d'environ 40 % de Russes « ethniques », se montre traditionnellement réticente à l'égard d'un rapprochement avec l'Occident et porte un regard plutôt positif sur le passé soviétique. Mais de la réticence, si profonde soit-elle, à la rébellion armée, il y a un gouffre. Un gouffre qui a pu être franchi grâce aux vieilles techniques d'organisation d'insurrections hors frontières inventées par les bolcheviks dans les années 1920, rodées par l'Armée rouge pendant la Seconde Guerre mondiale puis réactualisées par le KGB au moment du délitement de l'URSS.
Quels sont les ingrédients de la recette ? Une insurrection d'apparence populaire dans une région de l'État ciblé, encadrée par les services secrets et s'appuyant sur un terreau socio-politique bien disposé à l'égard de la Russie. Ce processus implique la mise en oeuvre de procédures destinées à conférer une légitimité formelle à ladite insurrection, comme des référendums d'autodétermination ou des élections de leaders locaux tenues à la suite d'intenses campagnes de propagande diabolisant l'« ennemi » - à savoir les dirigeants de l'État ciblé pour avoir refusé de rester sous le joug russe. Sans oublier diverses provocations visant à installer la haine entre les composantes ethniques de cet État ; la fourniture d'armes aux rebelles, voire une implication militaire russe …