Les Grands de ce monde s'expriment dans

Détruire Daech : une analyse opérationnelle

Depuis août 2014, les États-Unis sont, une fois de plus, en guerre en Irak, à la tête d'une nouvelle coalition. Comme en 2006-2007, ils y affrontent, aux côtés de l'État irakien, un regroupement de forces rebelles sunnites. Celles-ci sont aujourd'hui réunies sous le chapeau de l'État islamique (1).
En 2007, grâce à l'emploi de modes opérationnels nouveaux, au renforcement de l'État irakien et de ses forces de sécurité (FSI) et surtout à l'alliance passée avec les tribus et groupes rebelles du mouvement arabe sunnite du Sahwa (Réveil), la victoire était restée aux Américains et à leurs alliés. L'organisation djihadiste avait alors été chassée de Bagdad et marginalisée (2).
L'EI (également désigné par son acronyme arabe Daech) est revenu au premier plan en 2013, plus menaçant que jamais dans un contexte que l'interaction des théâtres de guerre irakien et syrien a rendu encore plus complexe. De son côté, le nouvel engagement de la coalition s'effectue avec des contraintes politiques et militaires fortes, héritées des interventions précédentes. Alors qu'il avait fallu un mois en mars 2003 pour détruire l'armée de Saddam Hussein, l'armée de Daech, elle, demeure toujours aussi puissante après dix-neuf mois d'opérations de la coalition.
Ce blocage s'explique par les limites imposées aux forces internationales et, plus encore, par les faiblesses des adversaires locaux de Daech. Pour entrevoir une nouvelle destruction de cette organisation, il faudra repenser l'allocation et l'emploi des ressources. Il faudra, avant tout, adosser l'action militaire à un projet politique cohérent.

L'armée volante de la coalition

À l'été 2014, après de nombreux atermoiements, les États-Unis finissent par passer à l'action en Irak et en Syrie. Dans les mois précédents - à partir de décembre 2013 et surtout de juin 2014 avec la prise de Mossoul et la progression de l'offensive en direction de Bagdad -, Daech a enregistré plusieurs succès militaires spectaculaires. Le 18 juin, le gouvernement irakien demande l'aide de Washington pour faire face à cette menace et rétablir son autorité sur l'ensemble de son territoire. Excluant toute nouvelle intervention directe au sol, le président Obama accède à cette demande : il engage un dispositif aérien, une force de conseillers techniques et une aide matérielle. Le plan est à double volet : une campagne de frappes visant l'ensemble du système ennemi et un appui à la reconquête du terrain par les troupes gouvernementales irakiennes. Pour soutenir militairement - et, surtout diplomatiquement - les États-Unis dans cette entreprise, une coalition est formée. Elle réunit les principaux pays européens, les monarchies arabes, le Canada et l'Australie. Les forces alliées déployées sont intégrées dans le mode opératoire défini par les Américains, dont les moyens représentent environ 80 % du total de la coalition.
L'action de cette coalition, qui débute véritablement au mois d'août 2014, s'exerce simultanément au profit de l'État irakien et du gouvernement régional kurde (3). Elle s'effectue parallèlement à celle de l'Iran, premier allié de Bagdad (4), et est rendue plus compliquée par la présence simultanée de l'État islamique sur les territoires irakien et syrien - dans …