Il était une fois un ouragan politique à la tignasse orangée que personne n'attendait. Le 16 juin dernier sur la Cinquième Avenue, Donald Trump, costume bleu et cravate rouge, est debout sur son fameux escalator de la Trump Tower, quartier général de son empire économique et immobilier, et symbole de son insolente fortune. « J'annonce officiellement que je vais concourir pour le poste de président des États-Unis. Nous allons rendre à notre pays sa grandeur », lance le promoteur milliardaire, reprenant ainsi le slogan qu'avait employé Ronald Reagan lors de la campagne de 1980, tandis que la chanson Rocking in the Free World de Neil Young se met à pulser dans des haut-parleurs.
« Le meilleur programme social d'un pays, c'est l'emploi, et je serai le plus grand président créateur de jobs que Dieu ait jamais créé », déclare le candidat à l'investiture républicaine avec l'immodestie qui le caractérise, dénonçant la désindustrialisation de l'Amérique et les termes des traités de libre-échange qui, selon lui, affaiblissent le pays. « Je ramènerai nos emplois de Chine et du Mexique ; je ramènerai notre argent », insiste-t-il, s'indignant de l'endettement colossal des États-Unis vis-à-vis de Pékin et de la « stupidité » des responsables politiques américains qui acceptent cet état de fait. « Il est temps de ramener un vrai leader à Washington. La réalité est que le rêve américain est mort ; mais si je gagne, je le ferai revivre, plus fort, plus grand et meilleur qu'avant », proclame le mogul. Sur sa lancée, il s'attaque bille en tête à la question de l'immigration illégale, l'autre phénomène qui, à ses yeux, porte atteinte aux intérêts du pays. Il promet d'y mettre fin en édifiant un mur sur la frontière avec le Mexique, note que les voisins mexicains « ne nous envoient pas les meilleurs » et dénonce « les violeurs et les criminels » cachés dans le flot des illégaux qui passent la frontière. La saillie, reprise partout à travers la presse, va susciter un tonnerre de protestations dans les milieux libéraux, poussant même plusieurs grandes corporations à dénoncer leurs accords commerciaux avec l'empire Trump, sous la pression de groupes latinos qui l'accusent de racisme et d'intolérance. Nul ne comprend alors qu'en prenant à bras-le-corps la question des frontières et en se posant en homme fort capable de protéger les intérêts du pays contre les vents de la globalisation et de l'immigration illégale le businessman vient de toucher un jackpot électoral qui va le propulser en tête de la course républicaine.
C'est en effet avec moquerie et condescendance que le petit monde des élites politiques accueille l'idée d'une candidature de « the Donald » - un nabab charismatique, charmeur et fracassant, connu pour étaler sa richesse et son succès, qui a animé jusqu'en 2015 l'émission de télé-réalité L'Apprenti devant 30 millions de téléspectateurs fascinés. Ce n'est pas la première fois que l'homme d'affaires caresse l'idée d'une candidature à la présidentielle. En 1988, déjà, il avait envisagé de se présenter (1). Il fit …
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