Peu après sa prise de fonctions, Harry Truman confia aux journalistes : « J'ai eu l'impression que la lune, les étoiles et les autres planètes m'étaient tombées sur la tête. » Certes, le nouveau président avait bien des raisons de se sentir dépassé par les événements en ce 12 avril 1945, quelques heures après la mort de Franklin Roosevelt qui lui avait laissé en héritage un pays aux commandes de la Seconde Guerre mondiale. Mais, au soir de son élection, chaque président américain, quelle que soit la situation du pays, est certainement saisi de vertige devant l'ampleur de sa tâche.
En ce mois de novembre les États-Unis viennent de choisir POTUS 45. POTUS sont les initiales de President Of The United States - le nom de code que les services secrets attribuent au chef de l'État et qui, par extension, est devenu son surnom. L'avènement de POTUS 44, Barack Obama, avait été accueilli dans l'allégresse d'un moment historique. Avec l'élection du premier président noir, une grande partie des Américains avaient le sentiment d'avoir tourné une page douloureuse de leur passé. Huit ans plus tard, cette allégresse est retombée comme un soufflé et l'humeur est au désenchantement.
Lorsque les conventions ont désigné les candidats des deux grands partis, six Américains sur dix étaient mécontents du duel qui leur était proposé. Ted Cruz a fait scandale à la convention républicaine en refusant publiquement de soutenir la candidature de Donald Trump. Quant à la convention démocrate, elle s'est ouverte sous les huées des partisans de Bernie Sanders. On a même vu des délégués exprimer bruyamment leurs frustrations et menacer ouvertement de voter pour un parti tiers.
La présidence possède aux États-Unis une composante symbolique qu'elle n'a pas en France. La Maison-Blanche est omniprésente dans la vie des Américains. Le chef de l'État et la « first family » apparaissent sans arrêt sur les écrans de télévision, donnant leur avis sur tout et n'importe quoi, de la politique internationale à la nécessité de manger des légumes frais ! Mais, même si sa légitimité n'est pas contestée, le chef de l'État n'est pas de facto en position d'imposer son programme.
Theodore Roosevelt a résumé la fonction de président par le terme « bully pulpit », le pupitre d'où l'on intimide le pays. Autrement dit, son influence est en grande partie psychologique. La Constitution confère au président des prérogatives étroitement contrôlées par les deux autres branches du pouvoir : le Congrès et la Cour suprême. Cette dernière a constitué l'un des grands thèmes de la campagne 2016 : l'un des 9 juges, mort en février, n'a toujours pas été remplacé et trois autres ont atteint un âge qui, au mieux, les pousse vers la retraite. Or tout changement d'équilibre dans la composition de la Cour ne manquera pas d'avoir des répercussions sur son orientation. Si l'on avait le moindre doute sur son rôle politique, l'une de ses membres, Ruth Bader Ginsburg, s'est empressée de le dissiper en déclarant au mois de juillet à la presse qu'elle …
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