Les Grands de ce monde s'expriment dans

La présidence Trump commence

Nous inaugurons, avec cet article une série de points de vue et de libres propos très contrastés, favorables et défavorables à la nouvelle administration américaine. Voici une contribution de Guy Millière.

 

La présidence Trump commence

L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a été une désagréable surprise pour la plupart des commentateurs et a aussitôt suscité chez nombre d’entre eux la consternation. Tout au long de dix-huit mois de campagne électorale, Donald Trump a été décrit de tous côtés comme un « populiste » irresponsable et inexpérimenté. Ses propos ont été cités aux fins de démontrer qu’il était un démagogue et un provocateur. Son succès a été attribué au désarroi d’une population blanche en voie de paupérisation, confrontée à une évolution du monde qu’elle serait inapte à comprendre et qu’un bateleur d’estrade un peu vulgaire aurait réussi à séduire à coups de formules simplistes. Aucune analyse sérieuse et approfondie n’a été tentée de son programme, jugé incohérent, imprégné d’un protectionnisme à même de détraquer l’économie mondiale et d’un isolationnisme qui équivaudrait au repli sur elle-même d’une Amérique devenue indifférente au monde. Certains ont même présenté Trump comme un homme ayant des « liens troubles » avec Vladimir Poutine, et les rumeurs propagées pendant les semaines qui ont précédé la cérémonie d’investiture du 20 janvier n’ont rien arrangé.
Il est indispensable dans ce contexte d’écarter tout jugement hâtif, et de poser un regard froid et lucide tout à la fois sur ce qu’incarne Trump, sur ce que signifie son élection et sur ce que sera vraisemblablement l’action de Trump président. Candidat de rupture
Concernant le premier point, le mot « populisme » n’est pas inexact en ce sens que Donald Trump n’a cessé de s’adresser aux gens du peuple, en passant au-dessus des appareils politiques institués et des médias établis. Les connotations négatives qui conduisent à associer au « populisme » un côté sombre ne sont, pour autant, pas vraiment de mise : Trump a répondu à une situation de crise, une large part de l’électorat américain ne faisant confiance ni aux démocrates ni aux républicains. Il a tenu le langage que cet électorat attendait. En déduire qu’il a été et sera irresponsable est très hâtif. Le décrire comme inexpérimenté est erroné : diriger une entreprise multinationale comptant des milliers d’employés, et cela pendant quatre décennies, constitue une expérience du monde réel que la plupart des politiciens n’ont pas. Un démagogue est un homme qui flatte ceux qui l’écoutent aux fins d’en tirer avantage et qui ne tient pas ses promesses : pour l’heure, Trump semble être un homme qui a dit ce qu’il fera et qui fera ce qu’il a dit. Le décrire comme provocateur est pertinent. Trump a voulu être un candidat de rupture. Il l’a été en rompant avec toutes les règles du politiquement correct et la plupart de celles de la bienséance politique. Il a aussi montré, en de multiples circonstances, qu’il pouvait adopter un ton très différent selon qu’il participait à une réunion publique ou à une rencontre avec des dirigeants internationaux. Espoir
Par ailleurs, Trump n’a pas été élu sur une base de désarroi, mais sur une base d’espoir de redressement, ce qui …