Quatre mois après le vote en faveur du Brexit, le Royaume-Uni demeure dans un état d'impréparation totale. Si les Britanniques ont exprimé clairement leur volonté de sortir de l'Union européenne, ils ont en revanche laissé planer un flou complet sur le modèle alternatif qu'ils souhaitaient mettre en place. Petit à petit, l'immensité de la tâche et les contradictions internes de la campagne du Brexit apparaissent au grand jour. Theresa May, la nouvelle première ministre, fait face à une montagne de difficultés, qui ne peuvent que s'aggraver au fur et à mesure que sa popularité s'effritera.
La majorité des Britanniques voudraient rester dans le marché unique européen tout en réduisant l'immigration venant d'Europe. Or l'UE a toujours été claire : le marché unique va de pair avec la libre circulation des personnes. Impossible d'avoir l'un sans l'autre. Londres va donc devoir trancher : l'intérêt de l'économie ou le contrôle de l'immigration ; la volonté des élites ou celle du grand public ; le Brexit « doux » ou le Brexit « dur ». « Le problème est que les Britanniques ne sont pas conscients de ce choix », lâche en privé un ministre qui a fait campagne pour rester dans l'UE.
Les premières tendances se dessinent pourtant. À la conférence du Parti conservateur, début octobre, Theresa May a dévoilé sa principale orientation : à choisir, elle penche plutôt pour le Brexit « dur », laisse-t-elle entendre. Tout en rejetant la « dichotomie » entre immigration et économie, elle se montre nettement plus ferme sur la première que sur la seconde. « Nous allons décider nous-mêmes comment nous contrôlerons l'immigration. (...) Nous ne quittons pas l'Union européenne pour lui abandonner à nouveau le contrôle de l'immigration. » Autre annonce très importante : elle refuse la juridiction de la Cour européenne de justice (CEJ), qui tranche notamment les différends entre les Vingt-Huit. « Nous ne partons pas [de l'UE] pour revenir à la juridiction de la Cour européenne de justice. » Dès lors que ces deux lignes rouges sont clairement tracées, une sortie du marché unique semble inéluctable.
Brouillard à l'horizon
À la surprise générale, Theresa May s'est imposée assez rapidement en juillet 2016 à la tête des conservateurs, remplaçant ainsi David Cameron au 10 Downing Street. Au lendemain du vote, la logique aurait voulu qu'un Brexiter l'emportât. Mais l'ancienne ministre de l'Intérieur, qui avait fait campagne du bout des lèvres pour le maintien dans l'UE, est apparue comme un bon compromis politique : eurosceptique sans être europhobe, femme de dossiers sérieuse et travailleuse, sachant arbitrer si nécessaire... Et surtout, elle est beaucoup plus sûre et plus calme que le bouillonnant Boris Johnson, le grand leader du camp du Brexit, aussi imprévisible qu'explosif.
Theresa May n'en sait néanmoins que bien peu sur la direction à suivre. Son premier geste a été de créer deux nouveaux ministères : celui de la sortie de l'UE, surnommé « ministère du Brexit », et celui du Commerce international, en charge de négocier de nouveaux accords de libre-échange …
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