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Après Mossoul, chronique d'un chaos annoncé

À Mossoul, l'État islamique (EI) oppose une résistance acharnée - et, visiblement, très bien préparée - aux diverses forces irakiennes, dont certaines sont soutenues par la Coalition internationale. Convaincus que la chute de la grande ville sunnite du nord de l'Irak était inéluctable, ces différents acteurs se sont positionnés en prévision d'un avenir qui s'annonce chaotique tant leurs intérêts et leurs visées politiques divergent. Voire s'opposent.
La libération de Mossoul ne signifiera donc pas un retour au calme. Au contraire, elle pourrait nourrir de nombreux foyers de tension et provoquer des conflits entre les vainqueurs. Il s'y jouera l'avenir de l'Irak, avec des conséquences pour les régions kurdes, la Syrie et la Turquie.
En fait, l'opération visant à anéantir l'EI est complétée par une autre offensive : en novembre, une attaque a été lancée depuis le nord de la Syrie contre Raqqa, la capitale syrienne de l'EI et le QG de l'organisation pour les opérations terroristes en Europe, dont celles perpétrées à Paris et à Berlin. L'offensive est limitée cette fois aux Forces démocratiques syriennes (FDS), une autre coalition qui regroupe des combattants kurdes, arabes et turkmènes.

Les forces en présence

- Pour le gouvernement de Bagdad, l'enjeu de la bataille est primordial. Il y joue sa crédibilité. Une fois Mossoul tombée et la province de Ninive reprise, il devra rapidement y imposer son autorité, rallier la population, éviter les représailles contre les nombreux collaborateurs des djihadistes et empêcher l'entrée dans la ville des forces paramilitaires dont les habitants ont tout à craindre. Au-delà, la reprise de Mossoul va se révéler un fardeau économique, politique et financier pour un État irakien qui se trouve déjà en quasi-faillite financière et peine à assurer le versement des salaires des fonctionnaires. Autre grave handicap : la faiblesse de l'armée irakienne, reconstituée après sa cuisante défaite de juin 2014 lorsque 1 000 à 2 000 combattants de l'État islamique s'étaient emparés en deux jours de Mossoul, pourtant défendue par plus de 40 000 soldats et policiers.
- Les peshmergas kurdes - principalement ceux du Gouvernement régional du Kurdistan dont le président est Massoud Barzani, par ailleurs principale figure du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) - seraient au nombre de 6 000. Ils ont pour mission principale de tenir la plaine au nord de Mossoul et de servir de forces d'appoint à l'armée irakienne. Mais ils cherchent, en même temps, à gagner sur le terrain des positions stratégiques et à s'implanter à Mossoul - ce qui aurait notamment pour avantage de leur donner plus de poids dans l'éventualité de négociations futures avec Bagdad sur les frontières du Kurdistan. Massoud Barzani est, certes, un partenaire déterminé de la Coalition anti-État islamique, mais il a déjà fixé une ligne rouge au gouvernement irakien : l'armée peut entrer dans les zones kurdes, mais il n'est pas question qu'elle y installe des bases permanentes. Le 16 novembre, il a même déclaré que ses peshmergas « ne se retireront pas des territoires repris ». Outre les peshmergas du PDK, participent …