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Le Venezuela au bord de l'abîme

Le Venezuela va mal. La crise du premier exportateur de pétrole d'Amérique latine s'est accélérée en 2016. Apres avoir chuté de 3,9 % en 2014 et de 5,7 % en 2015, le PIB devrait encore dégringoler de 11 % en 2016. L'inflation, elle, frôle les 500 %, selon les estimations les plus optimistes. Le nombre d'heures que la population a passées à faire la queue devant les supermarchés se compte en millions. Les rayons des pharmacies sont vides, les hôpitaux manquent de matériel médical. Quatre augmentations du salaire minimum en moins d'un an n'ont pas suffi à compenser la perte de pouvoir d'achat. Mi-décembre, le retrait intempestif des billets de 100 bolivars - trois jours avant l'arrivée de nouveaux billets - a provoqué une vague de colère sociale et de pillages. Et contraint le gouvernement à faire marche arrière.
Dans ce pays de 31 millions d'habitants, l'insécurité bat des records. Avec un taux d'homicide de 120 pour 100 000 habitants, la capitale, Caracas, arrive en tête du classement mondial. L'horreur des crimes commis défraie la chronique et alimente au quotidien l'angoisse des citoyens, toutes classes sociales confondues. Selon l'organisation de défense des droits de l'homme Provea, plus de 850 personnes ont été assassinées en 2016 par la force publique au cours d'opérations coups-de-poing, dites Opérations de libération du peuple (OLP).
Majoritaire au Congrès pour la première fois depuis l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez (1999-2013), l'opposition a engagé contre le pouvoir un bras de fer qui a tourné à son désavantage. Avec l'aide du Tribunal supérieur de justice (TSJ), l'exécutif a largement rogné les pouvoirs du législatif. Les militaires ont encore accru leur emprise sur les institutions. En octobre, les autorités électorales ont reporté sine die le « référendum révocatoire » que l'opposition souhaitait organiser pour faire chuter le président, Nicolas Maduro. Les élections régionales ont été reprogrammées pour la mi-2017. En décembre, le pays a été expulsé de fait du Mercosur, la principale union latino-américaine, au motif - ou sous prétexte - qu'il n'avait pas respecté ses engagements économiques. Et que la démocratie y est sévèrement malmenée.
On le voit : tous les indicateurs font état d'une situation explosive. Pourtant, quatre ans après son élection, M. Maduro est toujours au pouvoir. Contre tous les pronostics et toutes les ambitions de l'opposition, l'héritier désigné d'Hugo Chavez semble tenir le pays en main. Le Parti socialiste unifié (PSUV) est resté socialiste et unifié. Les chavistes dissidents - fidèles à la révolution bolivarienne mais très critiques envers M. Maduro - sont peu nombreux. L'armée demeure apparemment loyale, la justice servile, le Conseil national électoral (CNE) complaisant. Le dialogue engagé à l'automne sous les auspices du Vatican a été mis à profit par le pouvoir pour se refaire une vertu conciliatrice. Le remaniement ministériel annoncé début janvier 2017 et la nomination de l'ex-ministre de l'Intérieur, Tareck El Aissimi, au poste stratégique de vice-président de la République confirment que Nicolas Maduro entend maintenir le cap et ne rien céder à ses ennemis politiques. M. El …