Fabrice Leggeri, directeur exécutif de Frontex depuis janvier 2015, est né à Mulhouse il y a 49 ans. Normalien, ancien élève de Sciences-Po Paris et de l'ENA, il a d'abord travaillé au ministère français de l'Intérieur (notamment en tant que chef d'une unité consacrée au trafic transfrontalier, aux frontières et aux visas) avant d'être détaché auprès de la Commission européenne en 2000-2003. À ce poste, il a participé à l'élaboration du projet sur la « gestion intégrée des frontières extérieures de l'UE » qui a débouché sur la création de Frontex en octobre 2004.
Entre 2003 et 2007, Fabrice Leggeri est rentré en France où il a intégré le corps préfectoral. En 2007, il a été appelé au ministère de la Défense pour diriger la Division du droit international et européen - une fonction qu'il a quittée en 2011 lorsqu'il a rejoint l'ambassade de France en république de Corée du Sud, à Séoul. En août 2013, il est retourné au ministère de l'Intérieur à la tête de la Division sur la migration irrégulière puis est devenu, deux ans plus tard, le patron de Frontex.
L'Agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes - pour l'essentiel des douaniers et des policiers mis à disposition par les États membres -, officiellement lancée sous sa nouvelle forme le 6 octobre 2016, est basée à Varsovie. Elle est la continuation de l'ancienne agence Frontex, mais avec un mandat élargi et des moyens renforcés. Son rôle est d'aider les pays de l'UE et de l'espace Schengen (1) à gérer leurs frontières extérieures et, plus particulièrement, à contrôler l'immigration illégale. Mais elle participe aussi à la lutte contre la criminalité organisée et à la prévention du terrorisme.
B. B.
Baudouin Bollaert - Quels sont les effectifs, les moyens et le budget de l'agence que vous dirigez ?
Fabrice Leggeri - Frontex dispose d'un budget de 330 millions d'euros en 2017. À son siège, à Varsovie, elle emploie 425 personnes chargées de l'analyse des risques, de la coordination des opérations et des retours, de la coopération internationale et européenne ou encore des affaires juridiques et des droits fondamentaux. Nous devons recruter 180 personnes avant la fin de l'année afin d'atteindre progressivement le millier d'employés vers 2020. Tout cela est déjà voté et acté.
B. B. - L'agence dispose-t-elle de moyens en propre ?
F. L. - Pour l'instant, ce sont les États membres qui mettent à sa disposition des moyens matériels et humains : navires, hélicoptères, avions patrouilleurs, experts, gardes-frontières... Depuis un an, les progrès sont sensibles : notre vivier humain est désormais de 5 000 personnes. Au moment où je vous parle, 1 400 sont déployées sur le terrain. L'agence peut acquérir son propre matériel ou le louer à des entreprises privées. On nous encourage d'ailleurs à nous doter d'un avion de reconnaissance aérienne et nous allons tester en Finlande un bateau de surveillance. Si ce projet se réalise, il nous faudra former des équipages adaptés (2). J'ajoute que Frontex a aussi la possibilité d'intervenir sur le sol de pays extérieurs à l'Union européenne à leur demande. Son mandat lui permet d'y envoyer des officiers de liaison et de lancer des opérations conjointes avec ces pays.
B. B. - Où l'agence opère-t-elle en ce moment ?
F. L. - Frontex coordonne des actions maritimes - mais pas seulement - en Grèce et en Italie à travers les opérations Triton et Poséidon, ainsi que des opérations terrestres en Bulgarie, en Roumanie, en Pologne et en Slovaquie. L'opération Triton, lancée en 2014, dispose d'un effectif de 263 personnes et 26 pays européens y participent. Elle utilise cette année 3 avions, 2 hélicoptères et 4 à 5 bateaux. Sa zone d'intervention couvre les eaux territoriales italiennes et une partie des zones de recherche et de sauvetage de l'Italie et de Malte, jusqu'à 138 miles nautiques au sud de la Sicile. De janvier à décembre 2016, Triton a sauvé 48 833 migrants, saisi 20,7 tonnes de drogue et arrêté 588 contrebandiers.
B. B. - Il y a aussi l'opération Poséidon...
F. L. - Cette opération mobilise 23 pays et 809 personnes pour fournir à la Grèce une assistance technique similaire à celle de Triton. Entre janvier et décembre 2016, Poséidon a sauvé 41 055 personnes en mer Égée, saisi 2,8 tonnes de drogue, arrêté 349 contrebandiers et confisqué 434 faux papiers. Elle peut compter, en 2017, sur une quinzaine de navires, un hélicoptère et vingt véhicules.
C'est en Italie et en Grèce que se trouvent les « hot spots », ces centres d'accueil ou centres de crise pour migrants, que nous avons installés depuis septembre 2015 (3).
B. B. - Le mandat de Frontex est-il limité aux flux migratoires ?
F. L. - …
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