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Le "Brexit" et l'indépendance écossaise

L'Écosse est-elle plus proche que jamais de l'indépendance ? Ce petit pays d'Europe du Nord, dont l'union (volontaire) avec l'Angleterre en 1707 a donné naissance à la Grande-Bretagne, s'est toujours perçu comme une nation à part. Ce statut ne lui a d'ailleurs jamais été contesté dans un Royaume-Uni (aujourd'hui de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord) qui se décrit volontiers comme un « État multinational ». Mais être reconnue en tant que nation lui suffit-il ? C'est ce que semblaient suggérer les résultats du référendum d'autodétermination du 18 septembre 2014, le premier à avoir jamais posé la question de l'indépendance écossaise : les Écossais ont alors voté à une majorité de 55 % en faveur de leur maintien au sein du Royaume-Uni. On crut alors que cette majorité claire allait enterrer pour de bon, ou du moins pour un certain temps, la question de l'indépendance écossaise. C'était sans compter avec le poids politique du principal parti indépendantiste écossais (Scottish National Party, SNP), au pouvoir à Édimbourg depuis 2007, et avec les bouleversements politiques induits par le résultat d'un autre grand référendum britannique : celui sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne, de juin 2016.
Le « Brexit » annoncé est-il susceptible de faire basculer une majorité d'Écossais dans le camp de l'indépendance ? Ce n'est pas impossible dans la mesure où le Royaume-Uni a voté pour la sortie de l'UE contre la volonté d'une nette majorité (62 %) d'Écossais ; l'Écosse fut même la région britannique la plus favorable au « Remain »... En conséquence, les indépendantistes ont d'ores et déjà réclamé l'organisation d'un nouveau référendum d'autodétermination avant la sortie du pays de l'UE, prévue au plus tard pour le printemps 2019. Pour l'instant, la première ministre britannique Theresa May leur a répondu que ce n'était « pas le moment » de rouvrir le dossier de l'indépendance écossaise - ce qui suggère qu'elle ne s'opposerait pas à un référendum organisé après la sortie de l'UE, au début des années 2020.
Pour comprendre les enjeux actuels et l'impact du Brexit sur l'avenir de l'Écosse, il faut d'abord bien analyser le contexte politique qui a présidé au référendum d'autodétermination de 2014. Pourquoi ce référendum a-t-il été organisé en l'absence de véritable pression populaire en faveur de l'indépendance ? Il faut, ensuite, identifier les acteurs de l'indépendantisme écossais et les arguments qu'ils ont mobilisés pour promouvoir leur cause : même s'il a perdu le référendum, le camp de l'indépendance s'est montré assez persuasif pour obtenir 45 % des suffrages, et n'a certainement pas dit son dernier mot...

Pourquoi un référendum sur l'indépendance écossaise en 2014 ?

Le tournant de 1999

L'organisation de deux référendums à portée constitutionnelle (et de portée internationale) à moins de deux ans d'intervalle pourrait laisser penser que le recours à ce type de consultation est fermement inscrit dans la tradition politique britannique. Or il n'en est rien : au moment du précédent référendum européen organisé au Royaume-Uni, en 1975 (deux ans après que ce pays eut rejoint la Communauté européenne), …