« Theresa May or May not » ou encore « Theresa May-be one day I'll express an opinion » (« Theresa-peut-être-qu'un-jour-j'émettrai-un avis ») (1) : tels sont les surnoms dont la presse n'a pas tardé à affubler Theresa May, depuis que la communauté internationale a fait connaissance avec le nouveau premier ministre britannique, quelques semaines après le référendum sur le Brexit. Une image d'indécision qui tranche a priori avec la détermination légendaire de l'autre femme à avoir occupé ce poste au Royaume-Uni, celle qu'on surnommait dans les années 1980 la Dame de fer ou encore TINA (pour « There is No Alternative »). Pourtant, les comparaisons entre Margaret Thatcher et Theresa May n'ont pas manqué. Comme si le simple fait d'être une femme et d'accéder aux plus hautes fonctions gouvernementales suffisait à les couler toutes deux dans le même moule. Il est vrai que Theresa May apparaît comme une femme très secrète qui refuse de se dévoiler dans les médias. C'est ce mystère qui nourrit toutes sortes de spéculations plus ou moins fantasques. Mais la réalité est plus prosaïque : elle révèle des différences significatives avec Margaret Thatcher et un projet politique plus clair qu'il n'y paraît.
Une femme aux multiples visages
Petite-fille de domestiques, fille de pasteur anglican, issue d'une grammar school, publique mais sélective, May aime se présenter, à l'instar de Thatcher, comme un pur produit de la méritocratie. Comme la « fille de l'épicier » - pour reprendre l'expression de Valéry Giscard d'Estaing -, elle est le symbole d'une classe politique qui gravit les échelons à force de travail et de volonté mais qui reste minoritaire au sein d'un parti conservateur traditionnellement dévoué à l'upper class - une caste élevée dans des public schools hors de prix et ultra-élitistes. Comme Thatcher, elle parvient à étudier à Oxford. Elle choisit la géographie et fréquente la prestigieuse Oxford Union, forum de débats et de conférences où les principaux dirigeants du pays ont fait leurs classes. C'est d'ailleurs Benazir Bhutto, futur premier ministre du Pakistan, qui présente Theresa Brasier à son futur époux Philip May. Celui-ci devient le centre de son existence lorsqu'elle perd ses parents coup sur coup à l'âge de 25 ans (son père d'un accident de voiture et sa mère, un an plus tard, de la sclérose en plaques). Le couple n'aura pas d'enfants.
Les biographies de May convergent toutes vers l'image d'une jeune fille très studieuse, un peu rigide, issue d'une éducation empreinte de valeurs victoriennes. Elle s'est toujours tenue éloignée des clubs de la jeunesse dorée, semi-aristocratique et décadente - comme le Bullingdon Club - dans lesquels David Cameron et son chancelier de l'Échiquier, George Osborne, passaient leurs soirées. Bref, la jeune Theresa renvoie l'image un peu austère d'une anglicane pratiquante, amatrice de cuisine et de cricket, souriante et pleine d'esprit mais sérieuse et peu conviviale - une image qui contraste avec ses tenues extravagantes que la presse commente avec délectation.
Quel journaliste ou quel caricaturiste n'a pas évoqué, comme s'il s'agissait de son principal …
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