Les Grands de ce monde s'expriment dans

Tous contre Trump ?

La Maison-Blanche, le Congrès, trente et un États, bientôt la Cour suprême (1) : la domination du Parti républicain aux États-Unis est presque totale. Le Grand Old Party a remporté trois des quatre dernières élections générales. Quant au Parti démocrate, malgré les deux mandats de Barack Obama, il est à son plus faible étiage depuis bientôt un siècle.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, aucun candidat démocrate n'a réussi à succéder à un président de la même couleur politique parvenu au terme de ses deux mandats. Malgré la santé retrouvée de l'économie américaine, Hillary Clinton n'a pas eu plus de chance en 2016 que l'ancien vice-président Al Gore en 2000. Ce dernier aurait pourtant dû bénéficier du bilan flatteur qu'il partageait avec Bill Clinton : la Pax Americana pilotée par l'hyper-puissance, appuyée sur une forte croissance doublée d'excédents budgétaires.
Il reste que si Donald Trump a été élu plus largement que George W. Bush en son temps, son succès n'en est pas moins paradoxal. Soixante-dix mille voix en Pennsylvanie, dans le Michigan et dans le Wisconsin lui ont assuré une nette avance en termes de grands électeurs au sein du Collège électoral, mais il a accusé un retard de plus de 2,8 millions de voix au niveau national, ce qu'avaient bien anticipé des sondages trop vite décriés.
Le milliardaire a instillé dans la campagne un populisme débridé qu'il n'a aucunement abandonné en s'installant à la Maison-Blanche. Contempteur des « élites globalisées », il a poursuivi une stratégie de « bouc émissarisation » de rouages entiers de ce système de checks and balances qui était, jusqu'à présent, le garant de la résilience de la démocratie américaine.
Donald Trump, enfin, n'est pas un républicain classique. Il a su prospérer sur le terreau du Tea Party - un mouvement anti-establishment - en remettant en cause plusieurs fondamentaux du Grand Old Party. Protectionnisme ; relativisme par opposition à un exceptionnalisme américain (2) longtemps porté en étendard ; interventionnisme de l'État dans l'économie afin de protéger les entreprises nationales ou pour tenter d'empêcher des délocalisations ; indifférence vis-à-vis du creusement de la dette... Le « trumpisme » trace une nouvelle voie pour le parti hérité de Ronald Reagan et de Barry Goldwater. Cette voie est encore bien difficile à déchiffrer compte tenu de l'imprévisibilité du président, comme l'ont spectaculairement illustré les frappes contre la Syrie, en avril. Un intellectuel comme William Buckley (1925-2008), qui sépara longtemps le « licite » de ce qui ne l'était pas au sein de la famille conservatrice, aurait sans doute du mal à s'y retrouver. Ses disciples de la National Review ont d'ailleurs milité activement contre le milliardaire... mais ont fini par se rallier à lui, résignés, après sa désignation.
Cette victoire obtenue sans raz-de-marée électoral, un style de gouvernement totalement hétérodoxe et la volonté de transformer en profondeur le Parti républicain expliquent que le président affronte, dès ses premiers mois au pouvoir, une opposition aux multiples facettes. Au « Trump contre tous » des primaires républicaines a …